Friday, December 13, 2024
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L’Algérie ou la tentation d’un splendide isolement

En Hommage à Larbi Ben Mhidi, Ali La Pointe et Franz Fanon (1). الـفـتـن الـتـي تـتخـفى وراء قـنـاع الـدين تـجـارة…

Par : René Naba - dans : Algérie Analyse - le 5 novembre 2012

En Hommage à Larbi Ben Mhidi, Ali La Pointe et Franz Fanon (1).

الـفـتـن الـتـي تـتخـفى وراء قـنـاع الـدين تـجـارة رائـجة جـداً فـي عـصـور التـراجـع الـفـكـري لـلمـجـتـمـعـات »
اإبـن خـلـدون

Le complot qui vise la dissension et qui se cache derrière le masque de la religion est un commerce qui s’épanouit en période de régression de la pensée dans les sociétés. (Ibn Khaldoun 27 Mai 1332-19 Mars 1406, père de la sociologie moderne).

  • Image : 6 chefs historiques, fondateurs du F.L.N. Photo prise juste avant le déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954.
    (Debout, de gauche à droite: Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaid, Mourad Didouche et Mohamad Boudiaf. Assis: Krim Belkacem, à gauche, et Larbi Ben M’Hidi, à droite.)

L’Algérie ou la tentation d’un splendide isolement ;
Les œillères de la facilité

Paris – Dernier survivant de l’ancien Front du refus arabe, qui regroupait les pays du champ de bataille face à Israël et leur hinterland stratégique, l’Algérie parait happée par la tentation d’un splendide isolement, l’ombre d’elle-même, aux antipodes de la prodigieuse décennie de la diplomatie multilatérale qu’elle avait initiée dans la période 1970-1980 à en juger par le profil bas qu’elle adopte depuis la fin de la «noire décennie» de la guerre intestine (1990-2000).
Mais pour légitime qu’elle puisse être, cette tentation ne saurait tenir lieu de ligne de conduite viable, et, en ce qui concerne l’Algérie, crédible, par sa contradiction avec la tradition historique de ce pays militant, depuis son indépendance il y a cinquante ans.

Aucun être n’est réductible à un seul aspect de sa personnalité, à une seule instance de référence. L’être est pluriel. Algérien, certes, Maghrébin, Méditerranéen, ou, si l’on veut, selon la définition chère au sénégalais Léopold Sedar Senghor, «arabo berbère ou négro africain», selon le hasard de la naissance et de la généalogie.
Et, dans le cas d’espèce de l’Algérie, francophone, francophile ou francophobe, selon le degré des souvenirs et la vivacité des ressentiments accumulés par 132 ans de présence coloniale. Mais en tout état de cause relevant de la sphère culturelle et religieuse arabo musulmane.

L’interactivité entre les éléments constitutifs de l’histoire nationale est un fait prégnant. La guerre d’indépendance de l’Algérie en témoigne avec l’interaction entre Machreq et Maghreb, matérialisée par le soutien multiforme de l’égyptien Gamal Abdel Nasser aux maquisards algériens, la prestation réplique de l’algérien Houari Boumediene à Anouar el Sadate lors de la destruction de la Ligne Bar Lev, en 1973.
Ou encore avec la dynamique de changement impulsée par l’immolation de Mohamad Bouazizi en Tunisie, en décembre 2011, dupliquée, dans la foulée, Place Tahrir, au Caire, avec l’assassinat du jeune activiste égyptien Khaled Saïd, un enchevêtrement de faits qui a abouti à la destitution de deux dictateurs, Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie) et Hosni Moubarak (Egypte), en moins d’un mois sur les deux versants du monde arabe.
Dans l’histoire contemporaine, les exemples abondent de l’interactivité et de la conjonction des faits et des hommes.

Un être qui se vit exclusivement Algérien, sans une vision panoptique de la conjoncture, sans une approche systémique des faits, est un être hémiplégique qui ne saurait appréhender véritablement le réel. Il ne saurait participer lucidement au combat des valeurs et des idées. Au combat universel pour l’indépendance des peuples colonisés, longtemps la marque de fabrique de l’Algérie, aux côtés de ses compagnons de route du calibre de Frantz Fanon, originaire des Antilles françaises, désigné pour représenter l’Algérie… au Ghana en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire.

Le Monde viendra à elle quand bien même l’Algérie ne va pas à sa rencontre. Pour s’en convaincre, il suffit de revenir à l’année charnière de l’histoire contemporaine, 1989. Cette année-là voit l’implosion de l’empire soviétique avec la fin de la guerre anti soviétique d’Afghanistan et la fin de la guerre irako iranienne, c’est à dire la fin des deux guerres de fixation des pays de contestation de l’hégémonie occidentale, l’URSS et l’Iran et le début de la déstabilisation de l’Algérie, leur allié sur le ponant du Monde arabe.

La défaite de l’URSS, sur le plan régional, a intronisé les Talibans pro wahhabites, galvanisés par leur victoire sur l’athéisme, en maîtres d’œuvre d’un Afghanistan sunnite frontalier d’un Iran chiite, dans le prolongement d’un Irak sunnite sous la houlette baasiste de Saddam Hussein contenant le flanc sud de l’Iran sur le golfe arabo persique.

L’Irak Khomeyniste tentera d’en desserrer l’étau par une sorte de dépassement par le haut, en contournant le sunnisme non sur le plan théologique mais sur le plan de l’idéologie révolutionnaire.
La Fatwa anti Salmane Rushdie, condamnant à mort l’écrivain indo britannique pour apostasie pour avoir ironisé sur l’une des épouses du prophète, s’est inscrite dans cette perspective. Elle a eu valeur symbolique en ce qu’elle démontrait le souci des Chiites, la branche minoritaire de l’Islam, de faire respecter les dogmes religieux avec la même vigueur que leurs rivaux sunnites.

Au besoin en les suppléant. Comme ce fut le cas lors de la vague de colère suscitée dans le Monde musulman après la projection d’e l’extrait d’un film «L’Innocence de l’Islam» dénigrant le prophète, en septembre 2012.
D’une manière sous-jacente, de démontrer que le zèle de l’Imam Ruhollah Khomeiny, le guide de la Révolution Islamique, l’habilitait, sur le plan spirituel, à être l’alter ego du Roi d’Arabie saoudite, le gardien sunnite des Lieux saints de l’Islam.

Talibans / Al Qaida ;
L’idéologisation de la guerre sur une base religieuse

La Fatwa anti Salmane Rushdie a constitué, sur le plan théologique, la réplique stratégique iranienne à une idéologisation de la guerre sur une base religieuse, telle qu’elle s’est déroulée en Afghanistan.
Ce faisant, le clergé iranien se plaçait ainsi à l’avant-garde de la défense des valeurs de l’authenticité et de la lutte contre l’occidentalisation de la société musulmane, au moment où les Talibans, fer de lance anti soviétique, étaient conduits à se concentrer sur leur base territoriale nationale, l’Afghanistan, cédant ainsi la place à «Al Qaida» pour le leadership du combat à l’échelle planétaire.

Symbole de la coopération saoudo américaine dans la sphère arabo musulmane à l’apogée de la guerre froide soviéto-américaine, le mouvement d’Oussama Ben Laden avait vocation à une dimension planétaire, à l’échelle de l’Islam, à la mesure des capacités financières du Royaume d’Arabie.

Le Djihad a pris une dimension planétaire conforme à la dimension d‘une économie mondialisée par substitution des pétromonarchies aux caïds de la drogue dans le financement de la contre révolution mondiale. Dans la décennie 1990 -2000, comme dans la décennie 2010 pour contrer le printemps arabe.
Si la Guerre du Vietnam (1955-1975), la contre-révolution en Amérique latine, notamment la répression anti castriste, de même que la guerre anti soviétique d’Afghanistan (1980-1989) ont pu être largement financés par le trafic de drogue, l’irruption des islamistes sur la scène politique algérienne signera la première concrétisation du financement pétro monarchique de la contestation populaire de grande ampleur dans les pays arabes.

Dommage collatéral de ce rapports de puissance, l’Algérie en paiera le prix en ce que ce pays révolutionnaire, allié de l’Iran et de la Syrie, le noyau central du front de refus arabe, évoluait en électron libre de la diplomatie arabe du fait de la neutralisation de l’Egypte par son traité de paix avec Israël et la fixation de la Syrie dans la guerre du Liban.

Les Islamistes algériens joueront toutefois de la malchance en ce que le déploiement de troupes occidentales, -dont soixante mille soldats juifs américains-, à proximité des Lieux Saints de l’Islam, dans la région occidentale du royaume, à l’occasion de la première guerre anti irakienne du Golfe, en 1990, les placera en porte à faux avec leurs bailleurs de fonds, contraignant leur chef Abassi Madani à prendre ses distances avec les Saoudiens. Au titre de dommage collatéral, le débarquement des «forces impies» sur la terre de la prophétie constituera le motif de rupture entre Oussama Ben Laden et la dynastie wahhabite.

L’instrumentalisation de l’Islam comme arme de combat politique, en tant qu’anti dote au nationalisme arabe anti américain, dans la foulée de l’incendie de la Mosquée d’Al Asa (1969), a entrainé un basculement du centre de gravité du Monde arabe de la rive méditerranéenne vers le golfe, c’est-à-dire des pays du champ de bataille vers la zone pétrolifère sous protectorat anglo-américaine.

Avec pour conséquence, la substitution du mot d’ordre de solidarité islamique à celui mobilisateur d’unité arabe ainsi que le dévoiement de la cause arabe, particulièrement la question palestinienne, vers des combats périphériques (guerre d’Afghanistan, guerre des contras du Nicaragua contre les sandinistes), à des milliers de km de la Palestine, et dans l’époque contemporaine à des guerres contre les pays arabes eux-mêmes (Libye, Syrie) ou des pays africains (Nord Mali).

La déstabilisation de l’Algérie a figuré, à nouveau, à l’ordre du jour du «printemps arabe des pays occidentaux» en ce qu’elle était prévue dans la foulée de la mainmise occidentale sur la Libye, à en juger par les prédictions de Nicolas Sarkozy, avant son trépassement politique, s’exclamant par répétition ponctuée de sauts de cabri «dans un an l’Algérie, et dans trois ans l‘Iran».

L’Algérie, tout comme l’Iran et la Syrie, figurent dans le nouvel axe du mal profilé par les stratèges occidentaux pour maintenir sous pression les pays émergents, situés hors de l’orbite occidentale.
Le voyage en Israël des dirigeants du fantomatique gouvernement kabyle en exil, Ferhat Mehenni (président) et Lyazid Abid (ministre des affaires étrangères), dans la foulée du voyage d’intellectuels du Maghreb, Boualem Sansal (Algérie), Hassan Chalghoumi (Tunisie) et Nadia El Fanni (Tunisie), ne relève pas du hasard.
Sous couvert de «dialogue des religions», il participe d’une opération de débauchage de personnalités médiatiques en vue d’en faire des relais potentiels dans la guerre psychologique que mène clandestinement Israël dans la déstabilisation de cette zone, en pleine turbulence politique.

Le démantèlement d’un important réseau israélien en Tunisie, en 2012, relève de cette stratégie, dont L’objectif à terme est d’aménager la principale base opérationnelle du Mossad au Maghreb, dans ce pays en pleine transition politique, à la charnière de l’Afrique et de l’Europe, jadis chasse gardée occidentale.
Collecte des informations à travers les voyageurs tunisiens en Algérie et Algériens en Tunisie. Action de déstabilisation et guerre psychologique. Action de sabotage et de terrorisme, imputable à AQMI ou à toute autre organisation fantoche figurent parmi les objectifs de la plateforme disposant de deux autres antennes, dont l’une à l’Ile de Djerba, à proximité de la Libye.

Dans cette optique, la formule de formule de Nicolas Sarkozy, le plus philo sioniste et anti arabe président de France -« Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »-, loin de relever du vœu pieux ou du hasard, prend rétrospectivement toute sa signification.

Pour le lecteur arabophone, Cf.; La Tunisie, plateforme du Mossad au Maghreb du journal libanais « Al Akhbar».
http://www.al-akhbar.com/node/166000

Vers la propulsion de l’Algérie en partenaire majeure du BRICS

La réconciliation entre la France et l’Algérie, présentée comme nécessaire pour la pondération du tropisme pro-israélien de la classe politique française, devrait servir de référence au comportement des binationaux franco-arabes, d’une manière générale aux détenteurs d’une double nationalité (arabe et occidentale), en ce que le partenariat binational se doit de se faire, dans l’intérêt bien compris des deux parties, sur un pied d’égalité et non sur un rapport de subordination de l’ancien colonisé, le faisant apparaître comme le supplétif de son ancien colonisateur.

Purger le passif colonial sans en occulter les aspects les plus nauséabonds dans le respect mutuel et non dans une flexibilité du naturalisé conspirant avec son pays d’accueil contre son pays d’origine.
Soutien inconditionnel de l’irakien Saddam Hussein, du zaïrois Mobutu Sessé Seko, du gabonais Omar Bongo, du togolais Gnassingbé Eyadema, du tunisien Zine el Abidine Ben Ali , de l’égyptien Hosni Moubarak, ostracisant ses fidèles serviteurs Harkis, avant de voler au secours des islamistes syriens, la France en paie le prix en terme de magistère moral: «L’influence de la France au niveau international est assez faible par rapport à celle des États-Unis ou de la Chine en ce que «le pays des Droits de l’homme». (…) a perdu au fil du temps la mission de transmission de ses valeurs», constate l’énarque Claude Revel dans son ouvrage « La France un pays sous influence» (Editions Vuibert-2012).

La période de cicatrisation consécutive à la «noire décennie» s’est achevée en Algérie qui doit secouer sa léthargie diplomatique et reprendre un rôle pilote dans un monde arabe déboussolé, fracturé, brisé et humilié. Pour la survie du Monde arabe, l’hégémon de la diplomatie arabe ne saurait être, sous aucun prétexte, laissé aux bédouins du Golfe, inciviles.

L’Algérie ne saurait se contenter de son statut de «pays émergent», qui n’est rien d’autres qu’un strapontin, autrement dit « un piège à cons », mais monter au créneau par une meilleure répartition de ses richesses, la relance de son agriculture, le développement de son énergie solaire en même temps que son tourisme, pour rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde).
Au BRICS en tant que représentante des pays arabes et musulmans, pour y développer une coopération Sud-Sud, en substitution à une coopération verticale de subordination et de prédation des économies nationales des pays arabes. En un mot, établir un rapport de qualité entre les deux sphères de la Méditerranée et entre les deux hémisphères de la planète.

Demander des comptes à tous ceux qui ont dévoyé l’Islam, les wahhabites, bailleurs de fonds des Taliban destructeurs des Bouddhas de Bamyan, qui ont aliéné gratuitement 1,5 milliards d’hindous, et les salafistes atlantistes du Qatar, parrains des Touaregs destructeurs des sanctuaires de Tombouctou, qui ont aliéné de leur côté près d’un milliards de croyants d’Afrique noire, développant une incroyable islamophobie à travers le Monde.

Le Qatar, l’apprenti sorcier.

L’Afrique est partiellement redevable de son indépendance à l’Algérie, de la même manière que la défaite française de Dien Bien Phu (1955) a pesée lourd dans la décision française de renoncer à son ancienne colonie chérie.

Par effet de boule, il en a été de même de l‘Afrique. Le coût humain et matériel de la guerre d’Algérie a précipité l’indépendance des pays africains de l’espace francophone, dont l’indépendance, curieusement, a précédé de deux ans celle de l’Algérie, de crainte que l’effet de contagion n’embrase le continent noir et que la chaudière africaine n’embrase à son tour les intérêts africains de la France et de l’armée française, exsangue par huit ans de combat français anti-fellaghas.
La coopération algéro malienne a été mise à mal par le roitelet du Qatar, mercenaire par excellence des menées anti-arabes du pacte atlantique.
Les pilleurs du patrimoine de l’humanité, nouveaux barbares ivres de pétrodollars, doivent rendre des comptes.
L’empire musulman auquel ils rêvent tant doit préalablement à son avènement se purger de tous les mystificateurs, les faux prophètes qui sont en fait les prophètes de notre malheur.
N’en déplaise aux esprits chagrins, le nationalisme arabe a libéré le Monde arabe des bases occidentales de Bizerte à Aden en passant par Mers El Kébir et Suez, Wheelus Airfield et Al Adem en Libye, impulsant même dans la décennie 1970 une dynamique vers l’indépendance des émirats mirage de l’ancienne Côte des pirates, alors qu’en contre champ le wahhabisme salafiste s’est appliqué méthodiquement à réimplanter les bases militaires atlantistes sur les débris du nationalisme arabe, dans les pétromonarchies, la réserve énergétique stratégique du Monde arabe, de Bahreïn au Qatar, au Sultanat d’Oman, à Abou Dhabi (Emirats arabes Unis). Et, dans des guerres mercenaires, rétablir les trusts pétroliers occidentaux en Irak et en Libye.

Hypocrites wahhabites qui excluent la Syrie de l’Organisation de la Conférence Islamique mais laissent fermer, faute de fonds, l’Hôpital Al Maqassed, le plus grand hôpital palestinien de Jérusalem.
Hypocrisie occidentale dès lors qu’il s’agit de pétrole et de terrorisme, dont la fermeté avec la Syrie tranche avec le laxisme avec le golfe pétro monarchique quand bien même «des fonds privés d’Arabie saoudite, du Koweït et du Qatar constituent la source de financement la plus importante des groupes terroristes sunnites du monde entier», selon la mise en garde de Hillary Clinton, secrétaire d’état américain, aux diplomates américains dans la zone et révélée par Wikileaks (2).

Affaiblir la Russie, la Chine et la Syrie dans une guerre d’usure contre le régime de Damas de même que l’Algérie dans un rôle de gendarme aux confins du Mali, paraissent être les objectifs prioritaires du bloc atlantiste en ce que la déstabilisation de la zone sahélo saharienne favoriserait le maillage de l’Afrique par les armées occidentales, sans réplique russo-chinoise, sous couvert de lutte contre le terrorisme.
Cela vaut particulièrement le Maghreb, l’ultime barrage face à la percée chinoise en Afrique, l’ultime récif face au contournement de l’Europe, par son flanc sud, via le continent africain.
L’axe Chine-Europe qui représente les deux extrémités de la vaste étendue continentale euro-asiatique, constitue le centre de gravité pérenne de la géostratégie de l’histoire de la planète, matérialisée par la route de la soie, la route des parfums et de l’encens, et, dans la période contemporaine, par la route de la drogue.
Le Monde arabe en constitue le maillon intermédiaire, à la jonction de trois voies de navigation maritime internationale (Atlantique-Méditerranée, via Gibraltar, Méditerranée-Océan indien, via le Canal de Suez, Golfe persique-Mer rouge Océan indien via le détroit d’Ormuz), de surcroît à l’intersection de deux continents (Asie-Afrique). Du fait de ses divisions, ce maillon intermédiaire en est son ventre mou, qui se devra d’être son articulation centrale, par musculation des abdominaux.

Tel devrait être la tâche majeure de l’Algérie au seuil du XXI me siècle, aux côtés de tous ceux qui, au sein du Monde arabe, rejettent la logique de vassalité et se proposent de le doter d’un «seul critique» à l’effet de le propulser au rang d’interlocuteur majeur de la scène internationale.

L’Algérie ne saurait concevoir son destin hors de la sphère arabo musulmane. Elle ne saurait s’en détacher. Elle ne saurait échapper à son destin. A moins de se contenter du rôle de coq glorieux picorant les sables de son Sahara, dans la splendeur de son isolement.

  • Références
    1 –Mohamed Larbi Ben M’Hidi (1923-1957) est un combattant et responsable du FLN durant la Guerre d’Algérie (1954-1962). Il est arrêté, torturé, puis exécuté sans jugement par l’armée française durant la bataille d’Alger, en février 1957. Considéré comme un héros national en Algérie, plusieurs lieux et édifices institutionnels se sont vus attribuer son nom. En avril 1954, Ben M’Hidi fut l’un des neuf fondateurs du Comité révolutionnaire d’unité et d’action, qui le 10 octobre 1954 transformèrent le CRUA en FLN et décidèrent de la date du 1er Novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l’indépendance algérienne. Responsable de la Wilaya 5 (Oranie), il en laissera le commandement à son lieutenant Abdelhafid Boussouf pour devenir membre du Conseil national de la révolution algérienne, participant à l’organisation des premiers attentats de la bataille d’Alger.

    Arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes, il refusa de parler sous la torture avant d’être pendu sans procès, ni jugement, ni condamnation, par le général Aussaresses dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Le général Bigeard, qui avait rendu hommage auparavant à Ben M’Hidi avant de le confier aux Services Spéciaux, regretta trente ans plus tard, cette exécution. Ses derniers mots avant son exécution auraient été les suivantes: « Vous parlez de la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous prédis la France algérienne».

    Ali la Pointe, (1930 – 1957), de son vrai nom Ammar Ali, combattant du FLN, il se distinguera dans la bataille d‘Alger, constituant avec Yacef Saadi, le chef de la Zone autonome d’Alger, le tandem le plus terrible de l’histoire de la guerre d’Algérie. Dans la foulée de l’arrestation de son chef Yacef Saadi, sur dénonciation d’un indic, Ali La Pointe se fera exploser, le 8 octobre 1957, dans sa cache de la Casbah plutôt que de se rendre aux forces françaises.

    fanon

    Frantz Omar Fanon, né le 20 juillet 1925 à Fort de France (Martinique), mort le 6 Décembre 1961 à Bethesda (Washington DC, États-Unis). Psychiatre Français, Martiniquais et Algérie, il est l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste et compagnon de route de la révolution algérienne. Durant toute sa vie, il cherchera à analyser les conséquences psychologiques de la colonisation à la fois sur le colon et sur le colonisé. De son expérience de noir minoritaire au sein de la société française, il rédige «Peau noire, masques blancs», dénonciation du racisme et de la «colonisation linguistique» dont la Martinique est victime. Pour Fanon, la colonisation entraîne une dépersonnalisation, qui fait de l’homme colonisé un être «infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné», propre à être pris en charge par l’autorité colonisatrice.

    En mars 1960, il est nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana. Il échappe durant cette période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Se sachant atteint d’une leucémie, il se retire à Washington pour écrire son dernier ouvrage «Les Damnés de la Terre». Il meurt le 6 décembre 1961 à l’âge de 36 ans, quelques mois avant l’indépendance algérienne; sa dépouille est inhumée au cimetière des Chouhadas» (cimetière des martyrs de la guerre) près de la frontière algéro-tunisienne, dans la Wilaya d’El Tarf.

    2- «Jeux de rôle et polémiques face à Bachar» – Claude Angeli- Le Canard Enchainé page 3 14 aout 2012

  • Pour aller plus loin sur l’Algérie

    Algérie-Biographie: Abdel Hamid Boussouf, «Le révolutionnaire aux pas de velours» de Chérif Abdedaïm. Portrait fouillé et documenté est dressé par un l’homme tranquille du journalisme algérien, Chérif Abdedaïm, dans un ouvrage «Abdel Hamid Boussouf, le révolutionnaire aux pas de velours» paru aux Editions ANEP.

    Aux temps bénis du nationalisme arabe: https://www.renenaba.com/aux-temps-benis-du-nationalisme-arabe/
    France Algérie: le rude apprentissage de la causticité algérienne : https://www.renenaba.com/nicolas-sarkozy-a-alger-un-rude-apprentissage-de-la-causticite-algerienne/
    L’honneur de l’Algérie https://www.renenaba.com/l%E2%80%99honneur-de-l%E2%80%99algerie/
    Le divorce des générations https://www.renenaba.com/algerieemeutes-le-divorce-des-generations/

Comments


  • Monsieur Naba, un grand salut de la part des Algériens, et de l’Algérie.
    Vous êtes la preuve qu’il existe encore des « Arabes Patriotes ».

    Pour ce qui est de l’Algérie et sa tentation de s’isoler, en tant qu’Algérien et « Pro-Arabe convaincu » j’y souscrit de plus en plus.

    On ne peut parler d’Arabité et de solidarité qu’avec des partenaires doués de bonnes intentions. Or entouré d’Etat vénales pour ne pas dire autre chose (que cette frontière Ouest reste fermée), et siégeant dans une Ligue de Traitres, l’Algérie a raison de se méfier.

    Seul Pays Arabe avec le Liban a ne pas jeter de l’huile sur le feu sur le cas Syrien (pays qui en son temps n’avait pas condamné le Terrorisme en Algérie mais à qui je pardonne).
    Pays qui a accueillit la Famille Khadaffi alors que celui-ci avait tenter l’irréparable contre notre Pays en 96 (Nos MIGS ont eu raison de son armée).
    Pays qui comme l’a dit le Général Nezzar dans ses mémoires, en a eu assez de voir tous ces pays « arabes » tirer la couverture de leur côté.
    Pays abandonné de tous sauf de ses vrais alliers historiques (Ukraine, Republique de Serbie, Bulgarie et Biélorussie) mais qui a su avec l’aide de Dieu, et ensuite par le sacrifice des fils, mettre à terre la horde Terroristes Golfiste et Sioniste du FIS et du GIA.

    L’Algérie est fatiguée de l’Arabisme. Nous ne trahirons jamais la cause arabe, mais nous ne souhaitons plus nous investir pour des gens qui n’en valent pas la peine. Quand on voit comment le Hamas se comporte avec Damas… Cela donne matière à réfléchir.

    L’Algérie doit se tourner vers son avenir et ses intérêts. Trouver des partenaires crédibles, avancer sans se retourner. Certes nous ne sommes pas dupes, nous savons que les partenaires d’un jour, sont ennemis du futur… Mais c’est pour cela que l’Algérie est et restera un Pays Non Aligné, Inféodé à qui que soit, et Souverain.

    Nous ne nous placerons jamais sous la tutelle d’une quelconque puissance, jamais en vassale, mais toujours en Entité Digne et Fière, sans jamais renier nos valeurs, mais sans non plus nous mouiller pour les autres.

    Quand bien même nous prenerions le train des « BRICS ».

    Si demain des vautours tentent de s’en prendre à notre Chère Patrie, croyez Mr Nabat que tous ses fils, toutes ses filles seront prêt(e)s à se sacrifier jusqu’à l’ultime goutte de leur sang pour demeurer libre et digne.
    Nous saurons faire face aux difficultés que nos grands-parents ont sû affronter avec dignité et courage.

    Ils nous ont montré la voie du sacrifice, et nous ferons comme eux. Nous demeurerons libres.

  • Bonjour Monsieur

    Vous avez bien raison de pointer le comportement du Hamas dans l’affaire syrienne. par alignement confessionnel, il rallie de nos jours, l’Emir du Qatar, le meilleur allié de Nicolas Sarkzoy, le plus ferme partisan du blocus de Gaza. Chapeau.

    La cause palestinienne est en pleine décomposition du fait des reniement successifs de ses dirigeants. Pitoyable. Les gens du Hamas auraient mieux fait de jouer les médiateurs, par reconnaissance et dans leur propre intérêt stratégique..

  • Votre lucidité, Mr Naba fais plaisir à lire.
    Merci pour vos contribtuions.

    C’est toujours un plaisir de vous lire et de vous écouter parler.

    Un grand chapeau de la part de tous les Algériens, et de toute l’Algérie.

  • Je souscris au propos de Patriote, en tant qu’algérienne fervente militante de la « cause arabe » synonyme de Palestine -car en ces temps de TRAHISON at-large- plus qu’une identité, c’est une cause politique qui va au delà de tout sentiment identitaire ou affectif. On peut critiquer l’Algérie sur bien des choses, mais pas sur le pragmatisme de sa diplomatie face à l’ état du monde actuel… Non, très cher et tant estimé René Naba, l’Algérie n’est pas confinée dans la distance hautaine, voire le confort pleutre de timoré que suppose votre titre: « un splendide isolement »!! Au contraire, hier comme aujourd’hui, l’ Algérie a toujours privilégié le dialogue sur l’ affrontement, sans renier le principe de ses principes politiques et moraux de son non-alignement historique! Pour le reste, n’ ayez aucune crainte sur la conviction « arabo-musulmane du destin de l’Algérie »,puisée à la source du sang de nos plus d’un million de martyrs de notre glorieuse révolution!Quant au « coq glorieux picorant son sable » de l’avilissement au profit du sionisme, cherchez-le, et vous le trouverez plus sûrement aux pays des rois et émirs fainéants et des « printemps fratricides » du monde arabe, plutôt qu’en Algérie,terre d’ un peuple libre et sans peur, du Sahara jusqu’au mont Durdjura… même s’il est doté de gouvernants non, sans reproches!

  • @Lemsine

    Ce papier n’est pas un jus de crâne. Il a été inspiré par les réflexions que j’ai recueillies lors de mon séjour en Algérie, en juillet 2012, au sein de la corporation journalistique trop heureuse d’être à l’abri des turbulences du « printemps néo islamiste arabe pro américain ».

    Tu n’es pas sans savoir qu’un cycle s’achève, qu’un autre s’amorce et que la glorieuse génération des Moudjahidines et de leurs dirigeants est en voie d’évanescence. C’est la loi de la vie et de la biologie.

    Il importait à un moment charnière de l’Histoire de ton pays qui est aussi le nôtre, –tout comme le Liban, dans sa résistance opiniâtre face aux Israéliens, qui mène un combat par délégation pour tous les autres arabes–, de remettre en mémoire les fondamentaux du combat national.
    Pour les lecteurs présents et la génération de la relève.

  • Bonjour, espérons que l’Algérie sache faire face aux futures menaces pro-atlantiste, soi disant…s’ils parviennent à renversé la Syrie…ils chercheront à renversé le gouvernement algérien ?

  • HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :
    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les
    quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.

    Sur radio-alpes.net – Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) – Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi) Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

  • Bonjour,

    Comment voulez-vous que l’Algérie reprenne son rôle de gardienne et de défenseur du monde arabe quand pendant la guerre civile aucun pays arabe nous a soutenu de quelle que façon que ce soit ou tout simplement exprimer sa tristesse?
    La preuve en est que vous même, Monsieur Naba, vous vous êtes trouvé dans l’obligation d’exprimer votre soutien lors de cette tragédie (dans un article) comme pour combler le silence assourdissant.

  • Bonsoir Nadi
    Le Liban a connu une guerre civile qui s’est prolongée pendant quinze ans du fait orécisément des interférences régionales; La Syrie en fait une triste expérience identique aujourd’hui. Ce n’est pas nécessairement une bonne chose les interférences ou les soutiens pas toujours désintéressés. L’Algérie, au moins, n’est redevable à personne de sa stabilisation. Il est impérieux qu’elle reprenne son rôle faute d’être marginalisée. Ce n’est d’ailleurs pas le tempérament de l’Algérie. J’ai écrit un papier sur l’Algérie, surtout dans le but, de rendre hommage à la contribution de l’Algérie aux mouvements de libération du tiers monde et au nouvel ordre international, mais aussi et surtout de demander aux Algériens de ne pas dilapider cet héritage glorieux et de vous METTRE En GARDE contre les dérives de la guerre inter factionnelle libanaise ou tout le monde criminalisait tout le monde.

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