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Irak-archives secrètes 3/3: Le double jeu des États-Unis contre l’Irak et contre l’Iran

1- L’offre de Donald Rumsfeld: Reconnaissance d’Israël en contrepartie de la levée de l’embargo. Saddam Hussein a refusé une offre…

By René Naba , in Actualités Analyse , at 4 mars 2019

1- L’offre de Donald Rumsfeld: Reconnaissance d’Israël en contrepartie de la levée de l’embargo.

Saddam Hussein a refusé une offre israélienne, via les Etats Unis, visant à remettre en activité l’oléoduc Kirkouk-Haifa en contrepartie du soutien d’Israël et des Etats Unis, à la levée de l’embargo économique qui frappait l’Irak depuis 1990.
L’offre a été transmise par Donald Rumsfeld à l’époque sous secrétaire d’état adjoint pour les affaires du Moyen Oient.
Saddam Hussein a refusé de recevoir l’émissaire américain, confiant cette tâche à son ministre des affaires étrangères Tareq Aziz. L’entretien Rumsfeld-Aziz a duré dix minutes. En y mettant un terme, l’irakien conscient de l’incongruité d’une telle offre, a déclaré à l’américain: «Si je transmets une telle proposition à mon président, je signe mon arrêt de mort».

D’autres propositions similaires ont été transmises à l’Irak notamment par des émissaires arabes, suggérant «la reconnaissance d’Israël en échange de la levée de l’embargo économique et de la réintégration de l’Irak au sein de la communauté internationale». Mais Saddam Hussein a rejeté toutes ces requêtes, tout comme son ministre des affaires étrangères, Tareq Aziz, a refusé les offres européennes et arabes visant à le porter à témoigner contre son président en échange de sa remise en liberté et son départ pour l’Europe.

Epilogue de cette séquence:
Donald Rumsfeld, l’ancien émissaire américain auprès des irakiens, sera le ministre de la Défense au moment de l’invasion irakienne de l’Irak en 2003. Saddam Hussein a été pendu le 31 décembre 2006 en criant «Vive la Palestine» et Tareq Aziz, atteint d’une maladie incurable a préféré mourir en prison plutôt que de trahir son maitre.

Pour le lecteur arabophone, le récit complet sur ce lien : http://www.raialyoum.com/?p=523357

2 – USA versus Irak

Les révélations de Zalmay Khalilzad: Des contacts entre américains et iraniens prélude à l’invasion américaine de l’Irak dont l’objectif visait le renversement de Saddam Hussein

«Des contacts irano-américains ont eu lieu, via le canal de Mohammad Jawad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères, à l’époque représentant de l’Iran auprès des Nations-Unies. «Ces contacts secrets entre Américains et Iraniens ont eu lieu en vue d’envisager l’Irak post Saddam. Ces contacts ont commencé avant l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, dont l’objectif visait le renversement de Saddam Hussein et cela, en vue de prémunir les forces américaines de toute action hostile iranienne et de leur garantir en quelque sorte un sauf conduit», indique Zalmay Khalilzad, l’ancien ambassadeur américain à Bagdad, dans ses mémoires parus en Mars 2016.

«J’ai obtenu la promesse de Téhéran que l’armée iranienne n’ouvrira pas le feu contre les avions de combat américains s’ils franchissaient l’espace aérien iranien», a-t-il ajouté.

«Les négociations ont été menées du côté iranien par Mohammad Jawad Zarif et ses contacts se sont poursuivis jusqu’à la chute de Bagdad, le 8 avril 2003», a précisé le négociateur américain.

M. Zarif a donné son accord sur ce dernier point (sauf conduit pour l’aviation américaine). Nous aurions souhaité que l’Iran encourage ses co-religionnaires chiites irakiens à contribuer de manière positive à la mise sur pied d’un nouveau gouvernement irakien. Mais M. Zarif a fait valoir les objections de Téhéran quant aux contours du nouveau gouvernement irakien et sur «les modalités du combat contre le terrorisme», a souligné M. Zalmay.
Vieux routier de la diplomatie internationale, M. Zarif a été négociateur en chef aux négociations internationales portant sur l’accord du nucléaire iranien. Mohammad Javad Zarif, dont la traduction de son nom signifie le «cavalier magnifique» est diplômé des universités de San Francisco (Californie) et de Denver (Colorado). Las des menaces occidentales, il se leva, un jour en pleines négociations de Vienne, et fixant son interlocuteur américain, John Kerry, lui dit lentement, mais calmement : «Nul ne saurait contraindre l’Iran».
Zalmay Khalilzad, d’origine afghane de confession musulmane de la tribu des Pachtoune, a été ambassadeur des États-Unis en Afghanistan et en Irak, les deux points de percussion de la stratégie néo-conservatrice américaine post 11 septembre de la «guerre mondiale contre le terrorisme».

Membre du Think Tank néo-conservateur «Project for The New American Century» ou PNAC (en français «Projet pour un nouveau siècle américain») et fut un des signataires de l’appel du 26 Janvier 1988 demandant au président Bill Clinton de procéder au renversement par la force de Saddam Hussein et de la mise en place d’une nouvelle politique pour l’Irak.
Né le 22 Mars 1951 à Mazar-e-Charif, ce diplômé de l’Université Américaine de Beyrouth et de l’Université de Chicago, ancien dirigeant d’une firme pétrolière, a été successivement ambassadeur des États-Unis auprès des Nations-Unies (Avril 2007-Janvier 2009), ambassadeur américain à Kaboul (Septembre 2003-juin 2005), avant de succéder à John Negroponte au poste d’ambassadeur américain à Bagdad (Juin 2005-Janvier 2007).
Ses mémoires, parus en Mars 2016, portent le titre suivant: «The Envoy: From Kabul to the White House, My Journey Through a Turbulent World»-

3 – USA versus Irak: Le complot américain contre l’Iran, un piège à long terme contre l’Irak.

La chute du Chah d’Iran, en 1979, et la prise du pouvoir par des religieux radicaux hostiles aux États Unis et à Israël, ont valu à la CIA une volée de bois vert de la part du Congrès pour ce fiasco stratégique qu’il imputait à la mauvaise gestion de la crise par la centrale américaine des renseignements et surtout, son imprévoyance.

La CIA soutenait à l’époque que le Chah était en mesure de juguler la crise, que la situation était «under control» et qu’en tout état de cause le nouveau régime ne constituait pas une menace pour les États Unis.
Jimmy Carter, président au moment des faits, hanté par le sceptre du Vietnam, ne souhaitait pas engager l’Amérique dans une nouvelle aventure aux aux résultats aléatoires, aux conséquences incertaines.

Les américains avaient conçu à l’époque un stratagème visant à impliquer l’Irak en substitution à une intervention américaine contre l’Iran, en vue de faire chuter le régime khomeiniste de la République Islamique et de le remplacer par un régime favorable aux intérêts occidentaux.
Des faux rapports américains faisant état de l’affaiblissement de l’armée iranienne ont été adressées au commandement irakien l’incitant à tirer profit de cet affaiblissement pour tenter de récupérer les concessions faites par Bagdad au moment de la conclusion de l’accord d’Alger sur la délimitation de la frontalière irako-iranienne (15 Mars 1975). Les services américains ont passé sous silence le fait que la grande majorité de la hiérarchie militaire iranienne avait fait allégeance à la République Islamique.

4 -Le sommet des Non-Alignés de La Havane de 1979

Au sommet des non-alignés de La Havane, en Septembre 1979, Saddam Hussein réclame à Ibrahim Yazdi, nouveau ministre iranien des affaires étrangères, la restitution des territoires qu’il avait concédés à l’Iran lors de ses négociations avec le shah quatre ans plus tôt à Alger. Cette requête servira d’étincelle à la déflagration.

Sans nul doute, le régime khomeiniste souhaitait servir d’exemple à l’Irak en vue d’aboutir au changement du régime baasiste. L’Ayatollah Ruhollah Khomeiny, Guide suprême de la Révolution Islamique Iranienne, avait fait parvenir un message à un dignitaire religieux chiite irakien Sayyed Mohammad Baqer Al Hakim, grand penseur musulman, l’invitant à suivre l’exemple de l’Iran.

5 -L’Irak, nouveau gendarme du Golfe et protecteur des pétromonarchies arabes

Entre temps, les Américains avaient suggéré au commandement irakien que le «régime des ayatollahs» s’apprêtait à envahir l’Irak pour y exporter sa révolution. Cet argument devait servir de prétexte au déclenchement des hostilités, selon les vœux du président américain Jimmy Carter et du ministre britannique des Affaires étrangères, Georges Brown.

En direction des pétromonarchies du Golfe, les Américains avaient brandi la menace que fait peser la Révolution islamique Iranienne su la pérennité de leur dynastie, les enjoignant à fournir aide et assistance à l’Irak, en sa qualité de nouveau gendarme du Golfe et protecteur des pétromonarchies face l’Iran.

Bagdad et Téhéran ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs en Mars 1980.

6 – Les ennemis imaginaires des Arabes

Les Américains ont constamment veillé à suggérer aux Arabes des «ennemis imaginaires» -l’URSS en Afghanistan et l’Iran dans la décennie 1980- pour les détourner de leur véritable ennemi.
Le 17 septembre 1980 Saddam Hussein proclame l’abrogation de l’accord frontalier irako-iranien de mars 1975 d’Alger. Cinq jours plus tard, le 22 septembre, les hostilités contre l’Iran étaient déclenchées.
Obéissant aux injonctions américaines, la quasi totalité des pays arabes se rangèrent du côté de l’Irak, à la notable exception de la Syrie et de la Libye. Un flot d’armes américaines se déversera aussitôt sur l’Irak convoyé par des équipes de la CIA et de la DIA (Defense Intelligence Agency, les renseignements de l’armée américaine.

Les Awacs, avions- radars, stationnés en Arabie saoudite, alimentèrent le commandement irakien d’images sur le déploiement des troupes iraniennes, les casernes et le déploiement des gardiens de la révolution «PASDARAN», épine dorsale du régime.

7 – Pas de gratuité dans les relations internationales: le jackpot pour Israël.

Saddam Hussein n’avait vu que du feu, ne mesurant que tardivement la gravité du piège qui lui a été tendu. Il apprendra trop tard, et à ses dépens, que la gratuité n’a pas cours dans les relations internationales et que les États Unis perçoivent toujours le prix de leurs prestations.
Le jackpot sera pour Israël. En fait l’état Hébreu percevra les dividendes du soutien américain à l’intervention irakienne contre l’Iran par la destruction du centre nucléaire irakien de Tammouz (Juillet 1981). L’escadrille israélienne survolant la Jordanie à très basse altitude pour échapper aux radars, a anéanti la totalité du programme nucléaire irakien.

L’administration américaine veillera à calmer la colère irakienne en compensant cette perte stratégique par la fourniture d’armes chimiques et bactériologiques, de gaz toxiques et de photos satellitaires. En guise de représailles à la violation du droit International, le successeur de Jimmy carter, le néo conservateur républicain Ronald Reagan offrira à Israël les chasseurs bombardiers américains ultra-sophistiqués à l’époque, les F16.

8 – Irak-Iran: La guerre à outrance

Selon les estimations des experts occidentaux, le conflit Irak-Iran a considérablement affecté le potentiel économique des deux pays pétroliers, jadis parmi les plus prospères du tiers-monde et hypothéqué leur développement à l’horizon de l’an deux mille, non nonobstant son coût humain.
Ni les villes, ni les installations économiques n’ont été épargnées dans ce conflit, le plus meurtrier de la fin du XX me siècle, avec un million de victimes dans les deux camps (300.000 morts et 700.000 blessés).

Cinq cents millions de dollars ont été consacrés en moyenne par chacun des belligérants par mois pour soutenir leur effort de guerre, soit depuis le début des hostilités, le 21 septembre 1986, 36 milliards de dollars. Cette somme a été principalement affectée à l’achat d’armes de plus en plus sophistiqués: Avion français Mirage F1 à long rayon d’action et missiles Exocet pour l’Irak, Missiles SS-20 pour l’Iran, à l’achat de munitions et de matériel aussi, dont l’usage était si abondant dans les duels d’artillerie quotidiens et les gigantesques batailles qui opposent les deux pays sur un front de près de deux mille km allant du Golfe d’Oman à l’intersection de l’Océan Indien et de la Mer Rouge jusqu’aux confins de la Turquie.

Depuis le début de 1986, qui a été marquée par une intensification et une extension du conflit, cinq cent missiles ont été tirés par l’Irak et l’Iran, à raison de deux par jour en moyenne, contre les villes et les objectifs économiques, alors que la «guerre des pétroliers» a provoqué en tonnage des pertes maritimes du même ordre que celles enregistrées pendant la deuxième Guerre mondiale (1939-1945), autour de vingt millions de tonnes.
Parallèlement à la guerre Irak-Iran, près de 25.000 arabes afghans se lançaient dans le djihad en Afghanistan, au prétexte de combattre l’athéisme de l’Union soviétique, à six mille km du principal champ de bataille des arabes, la Palestine, sans tirer le moindre coup de feu contre Israël, théoriquement l’ennemi officiel du Monde arabe.

Pour aller plus loin sur ce sujet
  • https://www.renenaba.com/iran-irak-la-guerre-a-outrance/
  • https://www.renenaba.com/le-golfe-arabo-persique-piege-militaire/
  • https://www.renenaba.com/extraordinaire-sang-froid-de-saddam-hussein-face-a-bourreaux-face-a-mort/
  • https://www.renenaba.com/quiproquo-a-propos-delateur-de-saddam-hussein/
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  • https://nara.getarchive.net/media/us-army-gen-george-casey-left-the-honorable-donald-h-rumsfeld-secretary-of-af3934
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