Rafic Hariri, Un homme d’affaires premier ministre
Rafic Hariri, Un homme d'affaires premier ministre
Après un quart de siècle d'un incommensurable gâchis, le Liban aborde le XXIè siècle en lente convalescence accablé par la guerre et la gestion erratique du Président Elias Hraoui et de son premier ministre Rafic Hariri. Occupant pendant 20 ans le devant de la scène médiatique et politique, le milliardaire libano-saoudien, ami de la France, que ses partisans présentaient comme " le bâtisseur du Liban de demain " s'est révélé être pour ses détracteurs " le fossoyeur du patrimoine national ". sa gestion s'est soldée par un désastre économique.
Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre.
par Marina Da Silva
Source : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/11/DA_SILVA/3393
Désigné à la tête du gouvernement libanais le 19 octobre 1992, le milliardaire Rafic Hariri est d’abord perçu comme un sauveur. Son éviction du poste de premier ministre, en novembre 1998, est due à un grand nombre de scandales politico-financiers, comme le révèle l’enquête impitoyable de René Naba. Fils d’un ouvrier agricole de Saïda, Rafic Hariri a émigré en Arabie saoudite, où il a bâti sa fortune et ses relations.
Dès 1978, il refait son apparition au Liban et n’a de cesse que de conquérir le pouvoir. Son ambition est sans limite et, une fois au pouvoir, il va surtout chercher à le consolider. Il s’empare de quelques médias, Radio-Orient, deux revues ( Al Mostaqbal et Al Hadaf), et trois quotidiens ( Saout-Al Ourouba, Al Hoda, Le Matin), ouvre sa chaîne de télévision (Future Télévision). Il privatise les services publics, eau, électricité, télécommunications, port, aéroport… et y place ses hommes. Dans ses travaux de reconstruction, il dénature Beyrouth et la côte.
Son empire immobilier, sur fond de spéculation, de secret bancaire et d’argent blanchi, s’étend sur tous les emplacements stratégiques du nord au sud du pays. Détenteur d’un record absolu des déficits publics, le Liban lui doit aussi une dette jamais égalée en quatorze ans de guerre, de l’ordre de 18 milliards de dollars…