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Le Hezbollah a voulu donner un coup de semonce

Interview: Politis n°1002. Le Hezbollah n’a-t-il pas commis une erreur en sacrifiant son principal argument dans la société libanaise: nous…

By René Naba , in Entretien Liban , at 15 mai 2008

Interview: Politis n°1002.

Le Hezbollah n’a-t-il pas commis une erreur en sacrifiant son principal argument dans la société libanaise: nous tournons nos armes contre Israël, mais jamais contre d’autres Libanais… ?

RN: Non pas vraiment. Le Hezbollah n’est pas suicidaire. Sous peine de paralysie, Il ne pouvait subir passivement l’agenda imposé par ses adversaires, impulsé par les Américains et les Saoudiens et se laisser grignoter progressivement. Depuis l’offensive déclenchée en Irak contre Moqtada Sadr, le chef religieux chiite, avril 2008, le Hezbollah s’attendait à la manœuvre. Il ne s’est pas livré un coup d’Etat, dans un Etat d’ailleurs inexistant. Il s’est livré à une démonstration de force qui a tenu lieu de coup de semonce en vue de mettre brutalement un terme à une opération de diversion qui l’aurait détourné de sa ligne de mire israélienne. Il expliquera qu’il n’a pas pris ses armes contre d’autres libanais, mais pour conserver sa puissance de feu face à Israël.

Vous parlez dans vos “Chroniques” d’inadéquation entre le pays légal et le pays réel, pouvez expliquer cette affirmation?

RN: Le gouvernement de M. Fouad Siniora dispose, numériquement parlant, de la majorité parlementaire du fait de l’émotion suscitée par l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, en 2005, et des erreurs de calculs électoraux du Hezbollah qui voulait à l’époque donner des gages de bonne volonté à son ancien allié, le chef féodal druze progressiste Walid Joumblatt. Mais ce gouvernement du fait de la démocratie consensuelle transcommunautaire en vigueur au Liban ne dispose plus d’une légitimité depuis la démission de six ministres chiites et d’un chrétien, soit le tiers du cabinet. Ses décisions sont constitutionnellement caduques. Elles ont toutefois force de loi du fait du soutien diplomatique occidental.

Mais la réalité est toute autre sur le terrain. Le Hezbollah est la principale formation paramilitaire de la plus importante communauté libanaise, numériquement parlant, les chiites (40 pour cent de la population) et le général Michel Aoun, ancien chef du gouvernement libanais, est le chef de la plus importante formation politique chrétienne, le grand vainqueur, du côté chrétien, des consultations électorales qui se sont succédées depuis juin 2005 suite au départ des Syriens.

Le camp dit “pro-occidental” peut apparaître comme un recyclage douteux de chefs de guerre de la guerre civile. Mais n’exprime-t-il pas, malgré tout, l’aspiration d’une nouvelle génération à se débarrasser définitivement de l’emprise syrienne?

RN: Le quatuor (Joumblatt, Geagea, Gemayel et Hariri) manque cruellement de crédit. Ils ont commis autant d’atrocités que les Syriens, et Joumblatt et Hariri, ont été les principaux partenaires de l’affairisme syrien au Liban. La nouvelle génération veut se débarrasser à la fois de l’emprise syrienne et de la mafiocratie libanaise.

Quelle est la part du conflit israélo-palestinien dans la crise libanaise?

RN: L’élection présidentielle américaine et les échéances israéliennes constituent les deux paramètres de la lisibilité de la crise libanaise.

Après 17 reports, les élections présidentielles libanaises devaient se tenir le 13 Mai, soit la veille de l’arrivée en Israël de George Bush pour célébrer le 60me anniversaire de sa fondation. Joumblatt d’abord, puis Siniora ont soulevé le problème du réseau autonome des transmissions du Hezbollah, comme si eux-mêmes ne disposaient d’un réseau protégé comme si les Américains et les Français ne disposaient de leur propre réseau codé via la flotte occidentale longeant les cotes libanaises. Joumblatt a voulu aussi donner le signal à une intervention occidentale au prétexte de «voler au secours du gouvernement démocratiquement élu». Une présence militaire américaine au Liban représente pour les chefs féodaux libanais une gage de pérennité.

De son côté, Ehud Omert, éclaboussé par un nouveau scandale en rapport avec l’argent illicite, ne serait pas mécontent de se livrer à une fuite en avant afin de créer au Liban un nouveau fait accompli qui lierait la prochaine administration américaine quelque soit le vainqueur du scrutin présidentiel de novembre prochain.

Américains et Israéliens et leurs alliés locaux doivent se résoudre à l’évidence: Admettre qu’il existe une nouvelle génération de combattants arabes (chiites ou sunnites) qui ont bien tiré les enseignements des échecs de leur aînés et qu’ils n‘entendent se laisser éliminer passivement, sans la moindre satisfaction des droits élémentaires et légitimes qu’ils revendiquent.

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