Tuesday, March 19, 2024
Actualités & Flashback


Hommage aux victimes du génocide arménien et du groupe Manouchian

Un faux remake de l’Affiche Rouge (1) I – Des stratèges en herbe Paris – Des stratèges en herbe. Des…

By René Naba , in Analyse Arménie , at 5 juin 2015

Un faux remake de l’Affiche Rouge (1)

I – Des stratèges en herbe

Paris – Des stratèges en herbe. Des stratèges en chambre. Là ou leurs aînés vivaient leur cause au péril de leur vie, eux, tirent des plans sur la comète et en touchent les dividendes en terme de notoriété. Leur point commun, la composition paritaire de leurs groupes : Arméniens et Juifs. À l’identique de leurs héroïques aînés, mais au rabais.

Le clonage reproduit sa structure paritaire, la qualité en moins, l’authenticité aussi. Le groupe Manouchian était ce mythique groupe de 23 « métèques », membres des FTP-MOI de la région parisienne, originaires de l’Europe de l’Est « morts pour la France », le 21 février 1944. Des Arméniens et des Juifs, certes, mais surtout et d’abord des communistes, dont l’engagement s’explique par ce biais, dont le courage a été magnifié et le sacrifice immortalisé par l’un des leurs, le poète communiste Louis Aragon, parce que d’abord des communistes, des combattants clandestins de la liberté.

Pour rappel : L’« Organisation spéciale », la structure clandestine du Parti communiste, a engagé la lutte armée dès 1941, bien avant le sabordage de la flotte française à Toulon. Ce fait doit-il être occulté de la mémoire contemporaine du fait qu’il n’est visiblement plus de bon ton d’afficher l’appartenance de ces militants à la gauche révolutionnaire ? Se pose alors la question de savoir si nier cet idéal qui était le leur, ne revient pas à nier leur sacrifice et leur honneur ?

Aux États-Unis, le lobby juif avait établi dans la décennie 1950-1960 une jonction avec les afro-américains pour constituer l’ossature du parti démocrate, avant que le soutien inconditionnel et résolu de l’état hébreu au régime d’apartheid d’Afrique du sud ne fasse voler en éclats cette « solidarité des opprimés », fortement dénoncée par le leader radical noir américain Malcolm X.

Certes Arméniens et Juifs ont été victimes de génocide, au XX me siècle. C’est leur deuxième point commun. Tout le reste les sépare. Dans cette concurrence mémorielle sur fond de victimologie, les Arméniens pâtissent d’un handicap majeur :
– Le génocide arménien a été commis par un état musulman, la Turquie, situé hors Europe.
– Le génocide juif a été commis, lui, par deux états européens, parmi les plus civilisés de l’époque contemporaine, l’Allemagne et la France, qui fut, sous Vichy, l’antichambre des camps de la mort.

Dans la pure tradition coloniale, les deux faits connaîtront toutefois des « compensations sur bien d’autrui, la forme la plus aiguë d’une perversion triangulaire ». Dans les deux cas au détriment des Arabes, alors que les pays arabes, notamment la Syrie et le Liban, auront été parmi les grands pays d’accueil des Arméniens rescapés du génocide turc.

La Turquie, le bourreau des Arméniens, bénéficiera pour son forfait de la gratification de la France, par le détachement du district syrien d’Alexandrette et son rattachement à la Turquie. Et les Juifs de la Palestine.

Le génocide turc est même antérieur au juif. Il est d’ailleurs le premier génocide du XX me siècle. Mais les rescapés du génocide juif n’ont jamais songé à le reconnaître pour deux raisons :

– Ancrer dans l’imaginaire du monde, la centralité du génocide hitlérien et sa primauté,
– Justifier, au-delà du raisonnable, le partenariat stratégique de leur nouvel État, Israël, avec le bourreau des Arméniens, la Turquie.

Le remake fait piètre figure, d’une piètre performance : une poignée de germanopratins happée par la célébrité médiatique, particulièrement le plus en vue d’entre eux Ara Toranian (2), l’ancienne vitrine politique de l’ASALA (Armée secrète de Libération de l’Arménie) responsable de plusieurs attentats de type terroriste en France et ailleurs, notamment l’attentat d’Orly.

II – Le CCAF, le CRIF des Arméniens ? Ou le jeu du trio Toranian Papazian et Govciyan

Ara Toranian, Mourad Papazian et Frédéric Encel Sur Ayp FM

Vartan Kapriélian reçoit Ara Toranian et Mourad Papazian sur Ayp FM. Avec Frédéric Encel, Docteur en géopolitique, qui analyse la situation au Moyen-Orient, et Élise Boghossian praticienne de médecine chinoise (acupuncture) à Paris. Elle fait part de son expérience en terrain de guerre et témoigne de son vécu en Syrie et en Irak.

Un clonage à l’identique et l’entreprise une affaire de famille : Le Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF), a été fondé en 2001 précisément par Ara Toranian et Frank Mourad Papazian (3), ce dernier en sa qualité de coprésident de la FRA Tachnaktsutiun (Tachnag) pour l’Europe occidentale.

Deux cousins que tout devrait opposer au regard de leur parcours politique et de leur rivalité au sommet du CCAF, mais qui convergent pour garder le contrôle des ressources symboliques et le leadership de la communauté arménienne de France. Pour faire du CCAF, le CRIF des Arméniens. Une plate forme politique et médiatique en vue de la satisfaction de leurs ambitions politiques.

http://www.crif.org/fr/lecrifenaction/rencontre-crif-%E2%80%93-arm%C3%A9niens-de-france/47957

Frank Mourad Papazian : De Yad Vachem au partenariat d’entreprises avec Israël, à actionnaire de Libération.

Mais le hic est que si Ara Toranian a pris ses distances, à juste titre, avec les dérives de type terroriste de l’ASALA, sa posture antérieure ne justice nullement et n’exonère encore moins ses dérives ultérieures, notamment sa fusion avec Bernard Henry Lévy, un des plus fermes soutiens d’Israël, le meilleur allié régional de la Turquie, l’état génocideur du peuple arménien.

Frank Papazian, lui, dans son zèle néophyte, a fait preuve d’un philo sionisme rare, sans qu’il soit possible de distinguer s’il s’agissait d’un acte de conviction ou d’un geste destiné à promouvoir ses activités économiques, en ce que son recueillement au mémorial de Yad Vachem, dédié aux victimes du génocide hitlérien, c’est à dire édifié dans le pays partenaire stratégique de la Turquie, le génocideur des Arméniens, s’est accompagné de la conclusion d’un partenariat d’affaires entre son entreprise et des entreprises similaires israéliennes. Une opération parrainée par Valérie Hoffenberg, présidente de la section française de l’American Jewish Committee. Depuis juin 2014, Frank Mourad Papazian est actionnaire du Journal Libération, en compagnie du franco israélien Patrick Drahi, le patron de Numericable.

Franck Papazian
20 décembre 2013· Sortir de Yad Vashem la boule au ventre, la gorge serrée, la larme à l’œil, en pensant aux auteurs de l’extermination, aux victimes et aux négationnistes qui sont les nouveaux bourreaux. Et constater que la Cour Européenne des Droits de l’Homme considère qu’il n’est pas possible de pénaliser la négation d’un génocide au nom de la liberté d’expression !
Sur le partenariat d’affaires : http://www.ashdodcafe.com/2013/12/15/mediaschool-en-israel-pour-developper-des-partenariats/

Se pose la question sous-jacente de savoir si le CCAF se veut, sous couvert de bienfaisance communautariste, un lobby d’affaires œuvrant au bénéfice de ses fondateurs. Ferait-il le service après vente de l’industrie française en Azerbaïdjan, finançant indirectement l’effort de guerre de l’Azerbaïdjan contre leurs compatriotes du Karabagh.

http://www.lechorepublicain.fr/france-monde/mag/2015/02/15/chronique-du-temps-present-azerbaidjan-forces-obscures-par-eric-vladimir_11329303.html

Sur le modèle du CRIF, le CCAF a tenu son premier dîner annuel, en janvier 2014, en invitant le gratin politico mondain parisien notamment l’inévitable le philosophe Bernard Henry Lévy. Sous la présidence, Christine Taubira, ministre de la justice, avec le secret espoir de décrocher, en faveur des Arméniens une Loi Gayssot bis, criminalisant la négation du génocide.

Se pose le problème sous-jacent du financement de ce dîner à l’heure où le CCAF a lancé une grande souscription national ?
http://www.ccaf.info/Souscription_ccaf.pdf

Le CRIF ratisse large et se veut incontournable. Arméniens, Arabes, et Africains qu’il cherche à agglomérer autour de lui pour apparaître le navire amiral de la lutte anti- raciste selon son propre schéma et gommer ainsi toute note discordante.
Dans son escarcelle, déjà, les modernes « Bourgeois de Calais » du Monde arabe -Ferhat Mehenni, chef du fantomatique gouvernement kabyle en exil, et son ministre des affaires étrangères, Lyazid Abid, Boualem Sansal (Algérie), Hassan Chalghoumi (Tunisie) et Nadia El Fanni (Tunisie). A la faveur du scandale Dieudonné, il a fait des offres de service au continent africain au prétexte de faire cause commune entre Esclavage et Shoah. Le CRIF et le CREFOM se sont, en effet, engagés à soutenir un projet de Mémorial sur l’esclavage en région parisienne, en coopération avec le Mémorial de la Shoah. Les institutions juives et les Français d’outre-mer ont signé à ce propos un mémorandum contre la concurrence mémorielle, le fonds de commerce de de l’humoriste franco camerounais controversé. Soit Mais comment expliquer alors l’alliance stratégique entre les rescapés du génocide hitlérien (Israël) avec les massacreurs des Arméniens (la Turquie).

III – L’Institut Tchobanian et les Éditions Sigest, la partie invisible de l’Iceberg

Le CCAF est la partie visible de l’Iceberg. Une entreprise familiale rondement menée en ce que l’une des éminences grises de cette structure n’est autre Gaidz Franck Minassian (4) responsable de la rubrique idées du journal Le Monde, beau-frère de Franck Mourad Papazian et grand ami de Frédéric ENCEL (5). The GUD Guy’s par excellence, Frédéric Encel en est un contributeur discret et un membre d’honneur sans doute en raison de ses états de service d’ancien sous-marin du BETAR dans le monde universitaire.
http://oumma.com/L-itineraire-in-avoue-de-M-Encel

L’Institut Tchobanian : Un déploiement arachnéen : Frédéric Encel, un ancien du Betar et Roger Akl, un ancien des milices chrétiennes libanaises.

Fondé en 2004 par Varoujan SIRAPIAN, né à Istanbul, membre de l’UMP, ancien conseiller municipal à la Mairie d’Alfortville et ancien représentant de l’ADL RAMGAVAR France, l’Institut se présente comme un centre indépendant de recherche en études stratégiques pour le Sud Caucase, la Turquie et le Moyen Orient. Il contribue à la publication de la revue trimestrielle “Europe Orient” par des papiers à la tonalité généralement anti turque qui frisent l’islamophobie. Il organise chaque année des colloques sur le négationnisme, sur le modèle des colloques organisés par « La Règle de Jeu », la revue de BHL, comme cela a été le cas en Novembre 2011.

L’Institut Tchobanian, qui se veut un Think Tank, organise des cycles de formation professionnelle et citoyenne. L’un de ses principaux collaborateurs n’est autre que Roger AKL, un ancien responsable militaire des milices chrétiennes libanaises, dont la maison d’édition Sigest a publié les derniers ouvrages. L’organigramme de la revue : http://eo.tchobanian.org/page00010077.html#I00006731

A propos de Roger Akl et des Editions sigest
http://editions.sigest.net/pageLibre000100dd.html

IV – Un up dating du logiciel

Oyez Oyez Arméniens d’Arménie et de la diaspora, de France et des États Unis, l’histoire en témoigne : le meilleur allié de l’Arménie et des Arméniens, à travers les âges, à travers le temps, aura été, non la France, non plus les États Unis, mais ce pouilleux, ce bouseux, ce hideux, l’infâme Iran.

Le Tachnag, la formation majoritaire des Arméniens à travers le Monde, en est si pleinement conscient que son positionnement au Liban en porte caution. Se refusant à un alignement sectaire durant la guerre civile libanaise (1975-1990), il défendra par les armes son fief de Bourj Hammoud, dans la banlieue Est de Beyrouth contre les assauts répétés des milices phalangistes voulant le forcer à porter les armes contre la coalition palestino progressiste, s’estimant redevable de l’hospitalité dont ont bénéficié les Arméniens dans les pays arabes.

En une suite logique à ce positionnement, il nouera ultérieurement une alliance stratégique avec un autre paria, le Hezbollah libanais, aux côtés du Général Michel Aoun,chef du courant patriotique libanais, la formation majoritaire au sein de la chrétienté libanaise. Et c’est en Syrie, et non en France, plus précisément à Deir Ez-Zor, que se situe le Mémorial commémorant le génocide arménien.

À propos du Tachnag, ce lien http://mplbelgique.wordpress.com/2010/07/26/dans-les-meandres-d%E2%80%99un-parti-secret-les-1001-vies-du-tachnag/

et sur la problématique des Arméniens de France
http://repairfuture.net/index.php/fr/l-identite-point-de-vue-de-la-diaspora-armenienne/l-identite-armenienne-en-france-otage-du-tout-memoriel

Une vérité établie par les pays occidentaux n’est pas forcément une vérité vraie. Une vérité sacrée. Elle peut se révéler une contre-vérité. Le logiciel des Arméniens nécessite un reformatage… An Up-dating.

En revanche, la Turquie, génocideur des Arméniens, muselière de l’expression kurde, équarrisseur avec la France de la Syrie, est le partenaire stratégique d’Israël dans la zone, la deuxième manche de la tenaille qui enserre le Monde arabe, en une strangulation stratégique. Israël, précisément, qui n’a jamais reconnu le caractère de « génocide » aux massacres des Arméniens en Turquie au début du XX me siècle, sans doute pour marquer le caractère unique des persécutions dont les Juifs ont été victimes en Europe. D’abord en Russie, les « pogroms » de la fin du XIX me siècle, puis en Allemagne et en France durant la Seconde Guerre mondiale (1939-45).

À l’heure de la célébration du premier centenaire du génocide arménien, la Turquie a sans doute voulu rappeler à la mémoire du monde sa force de nuisance, en parrainant un assaut de néo islamistes du golfe contre le village arménien de Kessab, dans le Nord de la Syrie, des Arméniens restés loyaux à leur pays d’accueil.
http://www.marianne.net/Syrie-les-oublies-de-Kessab_a238925.html

BHL qui prête volontiers ses colonnes de « La règle du jeu » à son ami Ara Toranian, est demeuré taiseux ce jour-là. Ou était donc passé le roman-enquêteur, pourtant toujours prompt à dénoncer les impostures à travers le monde ? À Kiev tout simplement, à des milliers de kilomètres de Kessab, haranguant les foules de la place Maidan, animées par la formation néo-fasciste Slobodan et encadrées par les vétérans de l’armée israélienne. (7)
Le philosophe du botulisme cherchera à compenser son mutisme sur cette affaire par la mise en scène d’une pièce sur le théâtre de l’atelier, Hôtel Europe, prêtant à l’un des acteurs un plaidoyer sur la nécessité de reconnaître le génocide arménien. Une opération de compensation tardive qui s’est révélée un fiasco. Une opération d’enfumage qui s’est révélée contre productive, affectant davantage la crédibilité du « libérateur de la Libye et de la Crimée », désormais rattachée à la Russie.
http://www.arretsurimages.net/breves/2014-10-16/L-arret-d-Hotel-Europe-cartographie-des-reseaux-BHL-id18081

V – La problématique de la Turquie, un « casse-tête pour les Occidentaux »

Pays musulman sunnite membre de l’Otan, allié stratégique d’Israël et fer de lance du camp islamo atlantiste dans la bataille de Syrie, la Turquie sert, sur l’échiquier régional, de contrepoint à l’influence grandissante de l’Iran chiite galvanisée par son positionnement en Irak et en Syrie.
Au-delà de la Turquie, où elle dispose d’une importante base militaire à Incerlik, un des points de départ des bombardements américains sur l’Irak lors de la première guerre du Golfe (1990 1991), l’Amérique est fortement présente en Albanie depuis la guerre du Kosovo, 1999, alliée de la Turquie.
Elle s’est ainsi assurée, dans sa zone d’influence, les deux seuls pays musulmans d’Europe. Une position qui la met en mesure, par un jeu de levier, de peser sur le jeu européen. Cela d’autant plus facilement que l’inclusion des dix nouveaux membres européens dans le dispositif militaire de l’Otan a entraîné un déplacement du centre de gravité de l’Alliance atlantique vers le centre-est européen.

« Casse-tête » diplomatique pour les chancelleries occidentales confrontées au problème de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et aux réticences de l’opinion européenne à cet égard, la sollicitation de la Turquie constitue pour la diplomatie occidentale un paradoxe qui masque mal son désarroi devant les revers militaires israéliens face au Hezbollah libanais. Le parti arménien Tachnag, qui passe généralement pour être le porte-parole de la communauté arménienne du Liban, s’est d’ailleurs opposé à une participation turque à la Finul, invoquant le passé génocidaire de la Turquie.
Fait indubitable, la Turquie a loyalement servi l’Occident, y compris la France, allant même jusqu’à se prononcer contre l’indépendance de l’Algérie, déniant, contre toute évidence, au combat des nationalistes algériens, le caractère de guerre de libération, allant même jusqu’à mettre à disposition de l’aviation israélienne ses bases militaires et son espace aérien pour l’entraînement de ses chasseurs-bombardiers en opération contre le Monde arabe.
Jamais aucune puissance militaire musulmane n’a été aussi loin dans sa collaboration avec l’Occident. Au point que Washington et ses relais médiatiques dans les pays occidentaux avaient célébré le partenariat entre la Turquie et l’état hébreu, conclu en 1993, comme « un partenariat des grandes démocraties du Moyen-Orient », sans s’offusquer nullement d’une alliance contre-nature conclue entre le premier État « génocidaire » du XX me siècle (génocide arménien toujours nié par la Turquie) et les rescapés du génocide hitlérien.

L’objectif primait alors toute autre considération morale : le verrouillage du Monde arabe, par effet de tenaille, mené par l’ancien colonisateur ottoman des Arabes et l’État d’Israël, perçu dans l’ensemble arabe comme « l’usurpateur de la Palestine ». Son rôle pivot au sein de l’Alliance atlantique justifiait, pour Ankara, tous les abus, et pour la presse occidentale, toutes les indulgences.

À l’effondrement du bloc soviétique et l’élargissement de l’Union européenne, la Turquie, tant vantée jusqu‘alors, se découvre pour l’opinion européenne, non plus comme cet État laïc au gouvernement teinté d’islamisme modéré ayant vocation à servir de trait d’union entre l’Islam et l’Occident, mais comme un vaste réservoir de 70 millions de musulmans dont l’entrée en Europe risquerait de dénaturer l’essence judéo-chrétienne de la civilisation européenne. Il est vrai que l’admission de la Turquie (70 millions de personnes), puis plus tard de l’Albanie (5 millions), surajoutées aux 20 millions de musulmans déjà présents en Europe, porterait le nombre des musulmans en Europe à 100 millions, soit l15 pour cent de la totalité de la population de l’ensemble européen.
Barrer à la Turquie la voie de l’Europe au prétexte qu’elle n’est pas européenne gagnerait en crédibilité si cet argument fallacieux s’appliquait également à sa présence au sein de l’Otan, le pacte atlantique dont elle n’est nullement riveraine.

Sceller une Union trans méditerranéenne sur la base d’une division raciale du travail, « l’intelligence française et la main d’œuvre arabe », selon le schéma esquissé par Nicolas Sarkozy dans son discours de Tunis le 28 avril 2008, augurait mal de la viabilité d’un projet qui validait la permanence d’une posture raciste au sein de l’élite politico-médiatique française.

Substituer de surcroît l’Iran à Israël comme le nouvel ennemi héréditaire des Arabes viserait à exonérer les Occidentaux de leur propre responsabilité dans la tragédie palestinienne, en banalisant la présence israélienne dans la zone au détriment du voisin millénaire des Arabes, l’Iran, dont le potentiel nucléaire est postérieur de soixante ans à la menace nucléaire israélienne et à la dépossession palestinienne.

L’Union pour la Méditerranée, mort née, est apparue comme un dérivatif, un leurre qui trahissait les véritables intentions des Occidentaux à l’égard du seul pays musulman de l’alliance atlantique, en ce que les Européens voulaient bien de la Turquie en tant que force supplétive de l’Occident mais pas tant en tant que membre de plein droit de la famille européenne. Au ban de l’Europe mais pas au banc de l’Europe.

VI – L’enfumage d’Ara Toranian à propos du Conseil Constitutionnel : le pacte tacite entre la Turquie et le bloc atlantiste

Non Ara Toranian, détrompez-vous, ce n’est pas la faute du Conseil constitutionnel de n’avoir souscrit à la validation d’une nouvelle Loi Gayssot sur la négation du génocide arménien, mais la faute à un jeu plus subtil que votre perspicacité ne saurait déceler. http://laregledujeu.org/bhl/2012/03/07/genocide-armenien-la-faute-du-conseil-constitutionnel/

Sous la mandature de Nicolas Sarkozy, le plus sioniste président français, la France, malgré les états de service antérieurs de la Turquie, lui a asséné deux camouflets majeurs : l’interdit européen et la criminalisation du génocide arménien, retoqué par le Conseil constitutionnel en ce que la mise en route du projet de loi sur la criminalisation de la négation du génocide arménien a d’abord répondu à des considérations électoralistes avec pour première conséquence la rupture de la coopération entre les deux parrains essentiels de l’opposition syrienne, plaçant les deux pays artisans du démembrement de la Syrie en position de guerre larvée. Curieux retournement de vieux complices.

Sous François Hollande, l’amateurisme gaffeur a tenu lieu de politique comme en témoigne cette brève du journal satirique « Le Canard Enchaîné » en date du mercredi 21 Mai 2014 sous le titre : « Invitations gaffeuses ».
C’est une anecdote révélatrice de l’amateurisme qui règne parfois à l’Élysée. Pour son voyage éclair en Arménie, le 12 mai, Hollande avait tenu à se faire accompagner par huit personnalité représenter la communauté arménienne vivant en France. Parmi elles, cinq membres du parti Dachnak, le parti socialiste arménien. Seul problème : le 9 octobre 2009, lors de la visite à Paris de l’actuel président arménien, des militants du même parti l’avaient dénoncé comme « traître »  à cause d’un projet de protocoles avec la Turquie. Le président Sarkissian a dû être heureux de les recevoir.

Pour aller plus loin sur ce thème :

http://www.slate.fr/story/58263/hollande-turquie

François Hollande était supposé pourtant être à l’abri des gaffes depuis l’affectation à son service, en tant qu’attaché parlementaire d’un franco arménien Jules Boyadjian de 2009-2012, avant qu’il ne soit nommé conseiller parlementaire au cabinet du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve en avril 2014. Avec un PS à 14%, les différents revers électoraux, sa cote de popularité au plus bas c’est normal que Hollande prime l’amateurisme et la nullité chez les arméniens. Hollande aura besoin de la FRA pour faire passer l’enterrement de première classe qu’il réserve à la loi contre le négationnisme.

Trêve d’amateurisme. Au-delà des constructions théoriques, le choix atlantiste de la Turquie repose sur un pacte tacite conclu avec le camp occidental, fondé sur l’occultation de la responsabilité de la Turquie dans le génocide arménien en contrepartie de l’implication de ce pays de culture musulmane non seulement dans la défense du « Monde libre » face à l‘Union soviétique, mais aussi dans une alliance stratégique avec Israël contre le Monde arabe.

L’effet second de son adhésion à l’Otan répondait au souci des États-Unis de placer le contentieux gréco-turc, le binôme Athènes Constantinople, au-delà le contentieux Islam-Chrétienté sous contrôle de l’Occident, en ce qu’Athènes constituait le berceau de la civilisation occidentale et Constantinople-Ankara, l’ultime empire musulman. Le déploiement de la Turquie sur la scène régionale du Moyen orient sur la base d’une diplomatie néo-ottomane, véhiculée par un islam teinté de modernisme, en concurrence directe avec les intérêts des anciennes puissances coloniales, a conduit la France à se draper dans son ancienne posture. La Syrie, leur point de convergence et de connivence au XX me siècle, aura été leur point de percussion au XXI me siècle.
Un résultat imputable à une politique de duplicité générée par une posture proto-fasciste inhérente à tout un pan de la société française, fondée, non sur une vision prospective, mais sur les présupposés idéologiques d’une classe politique compulsive animée d’une pensée convulsive (8).
Oyez Oyez Arméniens d’Arménie et de la diaspora, de France et des États Unis, l’histoire en témoigne : Entre le Groupe Manouchian, et les clones du CRIF, le CCAF, l’Institut Tchobanian and co,…. Entre l’Original et la contrefaçon existe une différence de taille, celle qui distingue une coalition de héros d’une conjuration de cloportes, les êtres animés du sens du sacrifice suprême, des magouilleurs de bas étage.

Pour aller plus loin sur la problématique des Arméniens de France

http://repairfuture.net/index.php/fr/l-identite-point-de-vue-de-la-diaspora-armenienne/l-identite-armenienne-en-france-otage-du-tout-memoriel

1 – L’Affiche rouge est une affiche de propagande placardée en France dans le contexte de la condamnation à mort de 23 membres des FTP-MOI de la région parisienne (résistants communistes), le 21 Février 1944. L’affiche a servi à la propagande nazie de stigmatiser l’origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe, principalement des Arméniens et des Juifs d’Europe de l’Est.

L’affiche Rouge, parole de Louis Aragon, chansons de Léo Ferré.
Vous n´avez réclamé ni la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang

Parce qu´à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant

Mais à l´heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA France
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre

A la fin février pour vos derniers moments
Et c´est alors que l´un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses

Quand tout sera fini plus tard en Erevan
Un grand soleil d´hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants

Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d´avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s´abattant

2 – À propos d’Ara Toranian, de Frank Papazian et d’Alexis Govciyan :

3 – À propos d’une Loi Gayssot bis en faveur des Arméniens

4 – À propos de Gaidz Franck Minassian

5 – À propos de Frédéric Encel Cf. L’irrésistible ascension d’une géostratégie militante et sécuritaire http://oumma.com/L-itineraire-in-avoue-de-M-Encel

6 – À propos de l’Institut Tchobanian et des Éditions digest

L’organigramme de la revue : http://eo.tchobanian.org/page00010077.html#I00006731

Pour le fun, un coup d’œil sur leurs publications :

Et sur l’éditeur :

7 – À propos de BHL de Kiev et d’ailleurs. Les foules de Kiev, sous cadrage des vétérans de l’armée israélienne.

8 – À propos de la Turquie dans la guerre de Syrie

9 – Génocide arménien : Le jeu trouble de la France au Moyen orient

Comments


  • Très bonne revue d’alliances complexes. Il faudrait ajouter que les nations européennes ex coloniales sont co-responsables de la guerre européenne de 14, dont furent victimes tous les Ottomans. L’historiographe récente tend d’ailleurs à charger de responsabilités et de volontés occultées d’en découdre, beaucoup plus la Russie tsariste (ref. Sean McMeekin, The Russian origins of the first World War…) et l’Angleterre impériale (ref. Douglas Newton The darkest days. The truth behind Britain’s rush to war, 1914). POur ma part mes travaux visent à montrer les origines pétrolières de cette guerre de 14, qui continue: il s’agissait pour les Empires, britannique, allemand, russe et français, de contrôler la Mésopotamie et un port méditerranéen pour exporter son pétrole déjà bien connu, après démantèlement l’Empire ottoman. Russes et Français ont manipulé les mouvements arméniens extrêmes dès avant 14, Britanniques et Américains au moment des traités, en tentant de créer un état tampon entre l’Iraq sous mandat et la Russie devenue soviètique.

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