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La galaxie terroriste en Afrique

Afrique occidentale anglophone : Le Nigeria et Boko Haram Boko Haram Le plus en vue des groupes terroristes, « Boko…

Par : René Naba - dans : Afrique Analyse - le 8 octobre 2015

Afrique occidentale anglophone : Le Nigeria et Boko Haram

Boko Haram

Le plus en vue des groupes terroristes, « Boko haram » porte un nom dont le sens résume ses motivations premières. Le groupe de départ est constitué essentiellement d’étudiants qui ont quitté l’université plus tôt que prévu. Des talibans d’Afrique en somme qui ont créé un sanctuaire à la frontière du Tchad, baptisé « Afghanistan ». De ce lieu, leur mouvement appelé « Boro haram » (« l’éducation occidentale est un péché », en langue haoussa, celle qui domine dans le nord du Nigéria) a organisé des attaques contre les « infidèles » et les représentants de l’état fédéral.

Boko Haram, officiellement appelé « Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad » (arabe : جماعة اهل السنة للدعوة والجهاد, « groupe sunnite pour la prédication et le djihad »), est un mouvement salafiste djihadiste du nord-est du Nigeria ayant pour objectif d’appliquer la Charia dans l’ensemble du pays.

Fondé par Mohamad Yusuf en 2002 à Maiduguri, le mouvement est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations Unies et parfois qualifié de secte. Prônant un islam radical et rigoriste, le mouvement a d’abord revendiqué une affiliation aux talibans afghans, avant de s’associer aux thèses djihadistes d’Al Qaida et de l’État islamique. Le mouvement est à l’origine de nombreux attentats et massacres à l’encontre de populations civiles de toutes confessions, au Nigeria mais aussi au Cameroun. Son leader actuel est Abubakar Shekau. Le 7 mars 2015, Boko Haram prête allégeance à l’État islamique.

Le groupe islamiste armé Boko Haram a enlevé au moins 2 000 femmes et fillettes depuis le début de 2014, estime Amnesty International, un an après l’enlèvement, le 14 avril 2014, de 276 adolescentes du lycée de Chibok, petite ville du nord-est du Nigeria. Amnesty affirme avoir listé 38 cas d’enlèvement de masse commis par le groupe islamiste, sur la base de nombreux témoignages, notamment de femmes et jeunes filles ayant réussi à s’échapper. Selon Amnesty, Boko Haram devrait être poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Plus de 4.000 personnes ont été tuées par le groupe islamiste en 2014 et au moins 1 500 personnes ont été tuées au cours du premier trimestre 2015.

Le comportement singulier du précédent président nigérian Goodluck Jonathan a pu constituer un facteur d’amplification de la hargne de Boko Haram à l’égard des symboles d’un pouvoir fonctionnant selon le schéma occidental.

Le Nigéria est en effet l’un des deux pays africains avec le Rwanda, à avoir contribué à mettre en échec la résolution palestinienne au Conseil de Sécurité, le 30 décembre 2014, enjoignant à l’état hébreu de conclure les négociations de paix israélo-palestiniennes dans un délai de deux ans. Le Nigeria, le plus grand pays musulman d’Afrique, de surcroît membre de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), et le Rwanda, un pays victime d’un génocide comparable au sociocide vécu par les Palestiniens du fait de l’occupation israélienne. Que deux pays anciennement colonisés refusent leur soutien à l’indépendance de l’un des pays du tiers monde, victime de l’arbitraire colonial, donne la mesure de la perversion mentale de leurs dirigeants et du degré de leur vassalisation au diktat israélo-américain. Le vote du Nigéria ne constitue en effet pas une grosse surprise. Le président Goodluck Jonathan est membre de l’église évangélique nigériane « Word of Life Bible Church », affiliée à l’église évangélique des États-Unis, l’un des plus fermes soutiens à Israël. Le President Goodluck Jonathan et le Pasteur Ayodele Joseph Oritsejafor, le chef de son église « Word of Life Bible Church », ont effectué en 2014 un pèlerinage en Israel, au cours duquel il ont eu un entretien avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Au Sahel

Indépendantistes touaregs, islamistes, trafiquants… Des groupes aux objectifs, à l’agenda et aux dirigeants protéiformes, aux motivations nullement homogènes, mettent à profit la faiblesse des États du Sahel pour prospérer. Le Sahel est devenue ainsi une galaxie, une véritable auberge espagnole du terrorisme. Des dizaines de groupes, de sous-groupes, de sous-sous-groupes composent cette mosaïque qui s’étend du littoral atlantique à la Libye.

Le plus ancien et le plus puissant groupe terroriste du Sahel est Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). D’origine algérienne, il est issu du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Aqmi s’installe dans le Sahel après avoir été chassé du Maghreb, au milieu des années 2000. Depuis mars 2013, Aqmi est commandé par Djamel Okacha (son nom de guerre Yahia Abou El Houmâm). Il porte le grade d’émir.

AQMI et ses KATIBA

Cette organisation est divisée en plusieurs groupes armés (les katiba, quatre ou cinq, selon les sources). On y trouve la katiba Al Fourghan, commandée initialement par Djamel Okacha, aujourd’hui par le Mauritano-Libyen Aderrahmane (dit Talha): une katiba à dominante arabe où l’on trouve aussi des Peuls et des Songhaïs. La katiba Tarik Ibn Ziyad, commandée par l’Algérien Said, dit « Abou Moughatil ».Et la katiba Al Ansar, composée de Touaregs, commandée par Hamada Ag Hama (dit Abdelkrim Taleb). L’otage français Serge Lazarevic, enlevé avec Philippe Verdon (mort en 2012) en novembre 2011 au Mali, serait entre ses mains. Cette katiba a également revendiqué l’enlèvement et l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de RFI tués le 2 novembre 2013.

MNLA, Touaregs contre gouvernement

Pour les premiers, la guerre est un autre moyen de faire de la politique. C’est l’ambition du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touarègue qui a chassé l’armée malienne du nord du Mali et proclamé, en mai 2012, l’indépendance de la région conquise. Son foyer se trouve aujourd’hui à Kidal. Et il dispose de bases arrière en Mauritanie. Il s’oppose à l’installation de l’autorité malienne à Kidal, se heurte violemment à son armée (en premier lieu au bataillon commandé par le général El Hadj Gamou, un Touareg d’une ethnie ennemie de celle du MNLA), à la branche pro-gouvernementale du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA, un groupe armé qui défend les Arabes du nord du Mali) et au groupe islamiste du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Ansar Eddine

Séparés d’Aqmi en 2012, Les Signataires par le sang sont créés par Mokhtar Belmokhtar, l’un des plus célèbres chefs d’Aqmi. Ce groupe s’allie avec le Mujao en le 22août 2013 et forme un nouveau mouvement : Al-Mourabitoune (les Almoravides). Le Mujao est né lui-même d’une scission avec Aqmi : il opère surtout dans la région de Gao au Mali. Ansar Dine regroupe des Touaregs islamistes séparés du MNLA et commandés par Iyad Ag Ghali, et opère dans le nord du Mali.