Wednesday, November 6, 2024
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Irak/Israël/Missiles : Saddam Hussein, pionnier de la balistique anti-israélienne

Ce papier est publié à l’occasion du 31 me anniversaire de l’opération Tempête du désert» (Desert Storm), la première invasion…

Par : René Naba - dans : International Politique - le 18 février 2022

Ce papier est publié à l’occasion du 31 me anniversaire de l’opération Tempête du désert» (Desert Storm), la première invasion américaine de l’Irak, le 17 janvier 1990.


Saddam Hussein, pionnier de la balistique anti-israélienne

39 missiles sur Tel Aviv, Haïfa et Bi’r As Sabeh (Beersheva): 79 israéliens tués, 230 blessés, 7.440 habitations détruites. Trente ans après, le secret est enfin levé. A l’époque, la presse occidentale avait ironisé sur «les missiles de Saddam», leur imprécision, la maladresse des artilleurs irakiens et leur redoutable inefficacité.

C’était sans compter sur les ressorts de la guerre psychologique et son axiome principal : Ridiculiser l’adversaire pour en faire une risée universelle; Le couvrir de honte pour susciter la défiance de ses collaborateurs et démoraliser son peuple.

Trente ans après, la réalité s’avère toute autre: Saddam Hussein a été en fait un pionnier de la balistique anti-israélienne: «Les missiles de Saddam ont fait des ravages en Israël, à en juger par le bilan donné par Israël: 79 israéliens tués, 230 blessés, 7.440 habitations détruites par 39 missiles sur Tel Aviv, Haïfa et Bi’r As Sabeh (Beersheva).

Le site en ligne «Ar Rai Al Yom» de l’influent journaliste Abdel Bari Atwane en a fait la révélation le 7 janvier 2020, reprenant à son compte les chiffres des archives israéliennes.

«Saddam Hussein a fait usage de SCUD russes, modifiés par le génie militaire irakien pour augmenter leur portée et battre en brèche le système anti balistique israélien constitué de missiles américains Patriot», indique-t-il, précisant que les missiles irakiens ont été tirés sur Israël «depuis les bases de l’Ouest de l’Irak».

«La propagande israélienne, relayée par les médias des pétromonarchies du Golfe, avait minimisé à l’époque l’impact des missiles irakiens et tourné en dérision la précision des tirs.

«Israël et Les États-Unis éprouvèrent la crainte que les missiles soient porteurs, un jour, de charges chimiques ou bactériologiques. Ils prirent alors la décision conjointe de désarmer l’Irak de ces armes de destruction massive, de le placer sous la coupe des États Unis pour y exploiter son pétrole en compensation des dépenses engendrées par l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, conclut-il.

Rappel des faits

L’Irak a mené dans la décennie 1980-1090 une double guerre, d’abord ses voisins, l’Iran (1979-1989), puis dans la foulée contre le Koweït (2-4 Août 1990).

Si la guerre contre l’Iran a bénéficié du soutien occidental au point que la France s’est hissée au rang de «cobelligérant» dans ce conflit, c’est que Saddam Hussein, –lui, le laïc, se revendiquant comme révolutionnaire, a mené une guerre de substitution aux pétromonarchies du golfe au nom du primat sunnite sur l’Islam en vue de fixer su sol une révolution chiite dans une pétromonarchie.

En contrecoup, la cobelligérante de la France dans la guerre Irak-Iran a déclenché depuis Beyrouth une spirale des otages et de sanglants attentats contre le QG américain et le PC Drakkar Français provoquant la port de près de 400 soldats français et américains.

Tel n’était pas le cas pour le Koweït, une pétromonarchie chasse gardée du cartel des pays occidentaux.

Cette invasion qui durera 7 mois, sera l’élément déclencheur de la «guerre du Golfe», une coalition internationale de 500.000 soldats sous commandement américain, culminant avec la première invasion militaire américaine de l’Irak, en janvier 1991.

Par sa double attaque de l’Iran et du Koweït, Saddam Hussein est apparu comme un belliciste impénitent. Imprudent, voire même inconscient des dangers qu’il courrait en se lançant dans l’invasion du Koweït, négligeant les bouleversements stratégiques intervenus sur la scène mondiale cette année là.

Rétrospectivement, en effet, l’opération “Tempête du désert” déclenchée à l’aube du 17 janvier 1990, ouvrait la séquence des guerres de l’après guerre froide. Lancée par les États-Unis après l’effondrement du Mur de Berlin et la dissolution corrélative tant du Pacte de Varsovie que de l’Union Soviétique elle-même, le grand allié de l’Irak baasiste, elle inaugurait une double décennie d’unilatéralisme américain qui s’achèvera avec le krach boursier de 2008 et la crise des subprimes, l’avènement de la Chine comme première puissance planétaire.

Inconscient contre le Koweït, Saddam Hussein fera preuve d’une témérité aventureuse face à Israël en devenant l’artisan des premiers tirs balistiques arabes contre l’État hébreu.

Voulant se dégager de l’impasse dans laquelle il s’était fourvoyé, Saddam Hussein ordonnera le bombardement d’Israël dès le début des bombardements américains sur Bagdad, dans un double but:

  • Venger la destruction du site nucléaire irakien de Tammouz, détruit par les Israéliens le 7 juin 1981.
  • Lier le règlement de la crise irakienne à la résolution du conflit israélo-palestinien. Une sortie par le haut en somme à l’effet de rehausser son prestige en le présentant comme le héraut de la cause palestinienne.

Au delà des prétextes fallacieux sur la détention d’armes de destruction massives par l’Irak, d’une connexion du régime baasiste irakien, laïc, avec Al Qaida, un mouvement islamiste d’inspiration wahhabite, voire même d’une filière nucléaire avec le Niger, les tirs balistiques irakiens contre Israël ont été la raison majeure de la 2eme invasion américaine de l’Irak en ce qu’elle visait à châtier Saddam Hussein d’avoir brisé un tabou absolu: l’attaque d’Israël, non par un pays du champ de bataille, mais qui par un pays de l’arrière.

Depuis lors l’Irak a été détruite, générant une excroissance d’Al Qaida en Irak avec la séquence d’Abou Moussa’ab Al Zarkaoui, le retrait américain de l’Irak, sous les coups de boutoirs de la résistance chiite, un pays sinistré, décapité de son élite scientifique, affligé de deux millions de veuves, en proie à des mouvements centrifuges avec la montée en puissance de irrédentisme kurde, le surgissement de Daech, conduisant au retour des Américains.

Un bilan désastreux à tous égards pour l’Irak. Certes. Mais les tirs balistiques irakiens contre Israël ont ouvert la voie à d’autres protagonistes du conflit.

Depuis lors, le dôme d’acier israélien a été battu en brèche, à plusieurs reprises, soit par le Hamas, par des missiles ou des ballons charge de charges explosives, soit encontre par le redoutable Hezbollah, notamment lors de la confrontation de 2006.

Curieux destin que celui de l’Irak: Fer de lance sunnite de la guerre de substitution aux pétromonarchies contre l’Iran révolutionnaire chiite, en 1980, il sera 23 ans plus tard, la cible de représailles des États Unis, en substitution à l’Arabie saoudite, en riposte au raid terroriste du 11 septembre 2001 commis par quinze pirates de l’air saoudien sur les 19 que comptait le groupement terroriste.

Conséquence des égarements israélo-américains, l’Iran, –la bête noire commune des États Unis, d’Israël et de Saddam Hussein–, est devenu la puissance prépondérante en Irak…«par effet d’aubaine des défaillances américaines».

Pour aller plus loin sur l’Irak

1- Irak-Iran: La guerre à outrance

2 – Irak-Iran: Le golfe, cimetière marin, piège militaire, casse tête diplomatique

3- L’hécatombe des «faiseurs de guerre» en Irak

4 – Le martyrologe scientifique irakien

5- Archives secrètes

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