Georges Ibrahim Abdallah, un bouc émissaire idéal
Texte de l’intervention de l’auteur lors de la conférence de lancement de l’ouvrage « Georges Ibrahim Abdallah, l’emmuré de Lannemezan, un…
Texte de l’intervention de l’auteur lors de la conférence de lancement de l’ouvrage « Georges Ibrahim Abdallah, l’emmuré de Lannemezan, un homme debout ».
Conférence tenue le 12 novembre 2025, à Martigues, à 18H à la Maison des Syndicats CGT, Allée Benoît Frachon, 13.500 Martigues, en présence de l’auteur de l’ouvrage René Naba et de ses co-éditeurs : L’Union Locale CGT de Martigues, Thierry Luchon, Comité Palestine Martigues, Charles Hoareau (Rouge Midi), ainsi qu’Adil Fajry, président exécutif de « Car t’y es libre » », dont l’auteur en est le président d’honneur.
Intervention pré-enregistrée lors de l’émission Harragas, « Revue de presse Halal sur des sujets Haram », chronique de René Naba Mercredi 12 novembre 2025 – Radio Galère 16-18 Heures, module animé par Kamar Idir.
Georges Ibrahim Abdallah, un bouc émissaire idéal
Le prochain objectif : La libération de Marwane Barghouti, le Mandela palestinien.
Le livre se présente comme une radioscopie au carbone 14 de la schizothymie de la France dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah, tant dans la condamnation injustifiée que dans l’incarcération abusive de ce militant, chrétien libanais de naissance, mais communiste pro-palestinien, que dans la vulnérabilité de la France aux pressions de ses prétendus alliés, les États Unis et Israël, pour sa condamnation et sa détention longue durée, qui conduiront la « Patrie des Droits de l’Homme » à commettre des abus de droits répétitifs sur cette affaire.
L’affaire Georges Ibrahim Abdallah a révélé le considérable décalage qui existe entre l’idée que la France veut donner d’elle-même sur la scène internationale et la réalité de son comportement quotidien.
La « Patrie des Droits de l’Homme » s’est révélée être uniquement la « patrie de la déclaration des droits de l’homme » — et uniquement la patrie de la déclaration des droits de l’homme–, et « la fille aînée de l’Église », « protectrice des chrétiens d’orient » conçoit son rôle non comme une protection, mais comme un protectorat, réprimant implacablement quiconque se hasarde à se dégager de son emprise idéologique.
Cette prestigieuse revendication apparaît d’autant plus abusive lorsque l’on songe que la « Patrie des Droits de l’Homme » est aussi la Patrie des codifications juridiques gobino darwinistes fondées sur la théorie des inégalités des races: Le « Code Noir de l’esclavage et le « Code de l’indigénat » en Algérie.
Circonstance aggravante pour Georges Ibrahim Abdallah est le fait que ce militant communiste est, de par sa naissance, de confession maronite, la communauté lige de la France au Liban. Transcendant les données de sa naissance, son engagement pro palestinien lui aura été fatale tant la France est frappée de tétanie pour tout ce qui a trait à Israël, en raison de la collaboration vichyste avec l’Allemagne nazie, qui voue la France, tout comme l’Allemagne, à un sentiment de culpabilité permanent à l’égard de l’État Hébreu
En somme Georges Ibrahim Abdallah a constitué un « coupable idéal », un parfait bouc émissaire, offert en victime sacrificielle à un pouvoir et à une opinion publique françaises pressés de s’exonérer de l’accusation infamante antisémitisme, la marque de fabrique du pays aux siècles précédents de son histoire. Remember l’affaire Dreyfus sous la III me République et le port de l’Étoile jaune sous Vichy.
Pis, un survol de l’histoire révèle que le « pays de la Révolution Française » aura été l’unique pays occidental à l’articulation majeure « des penchants criminels de l’Europe démocratique », la traite négrière et l’extermination des Juifs, contrairement à la Grande Bretagne et même à l’Allemagne. Un lourd passif en somme.
Remember l’empressement du Rassemblement National à quêter la caution du CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France. Remember le parcours chaotique de Manuel Valls.
Un bouc émissaire est une personne dont la sanction ne perturbe pas l’ordre social. Georges représentait le mal absolu: Un chrétien de naissance mais pro communiste, et circonstance aggravante, pro-palestinien. Un cauchemar pour la bienpensance. Le contraire en somme des « native informant » et des « rented negroes » qui pullulent sur nous lucarnes.
Les deux expressions « native informant » et « Rented Negro » sont très utilisées en sociologie française pour la première, et américaine pour la seconde. L’expression « Native informant » désigne généralement une personne qui prend la parole pour un groupe dont il n’a pas le soutien et répète simplement, tel un perroquet, ce que veulent entendre ceux qui l’ont mis là.
Quant à l’expression « Rented Negroes », employée contre le deuxième maire noir de la ville de Saint Louis (USA) avant son élection en 1997, elle définit tous ces noirs américains médiatisés pour donner « un visage de noir pour une opinion de blanc ».
Le « native informant » et le « Rented Negroe » tirent, généralement, leur légitimité uniquement des milieux politiques qui les utilisent et de la presse que ces derniers contrôlent.
Manuel Valls, le transfuge socialiste, se distingue du lot par son comportement particulièrement hideux et mérite une mention à part. Militant pro palestinien au début de son engagement politique, le ministre de l’intérieur du président socialiste François Hollande, opérera un virement spectaculaire se déclarant « lié d’une manière éternelle avec Israël » dans la foulée de son mariage avec une musicienne française de confession juive.
L’ambassadeur d’Israël en France, dont l’interlocuteur institutionnel est le Quai d’Orsay, fera fi des usages diplomatiques, contournant cet usage en sollicitant régulièrement M. Valls, place Beauvau, pour maintenir en détention le prisonnier libanais.
Dans ce contexte, le mot d’ordre « Ne pas transposer le conflit israélo-palestinien en France » est du pipeau. Il est bel et bien transposé et par les pro-israéliens de France.
Mieux, en 2013, Georges Ibrahim Abdallah ayant bénéficié d’une mise en liberté assortie d’une « Obligation de Quitter le Territoire Français ». Manuel Valls, cédant cette fois aux injonctions de Hillary Clinton, à l’époque secrétaire d’état américain, s’abstiendra de délivrer le fameux OQTF, pourtant tant réclamé par les partisans de l’ordre et la loi en France, une cohorte à laquelle appartient Manuel Valls.
Passons sur l’épisode pitoyable de la désignation d’office d’un avocat, agent de la DGSE, pour la défense de Georges lors de son premier procès, un fait qui aurait du annuler la totalité de la procédure.
Quoiqu’il en soit de ces péripéties, Georges, devenu depuis lors le doyen des prisonniers politiques dans le monde, a été remis en liberté au terme de 41 ans de détention.
Dans la seconde moitié du XX me siècle, deux prestigieux militants ont été victimes de l’arbitraire du pouvoir, le sud africain Nelson Mandela, à la prison de Robben Island, et Georges Ibrahim Abdallah, à la prison de Lannemezan. Au terme d’une captivité de 41 ans, glanant au passage, tous les deux, le titre très envieux de « doyen des prisonniers politiques dans le monde », le sud africain, tombeur du hideux régime de l’apartheid se trouvait propulsé à la tête de la République Sud Africaine, orchestrant le « pardon des offenses » de ses anciens bourreaux, la marque des grands hommes: « Une réconciliation nationale de la nation arc en ciel »;
Le libanais est désormais, depuis Beyrouth, le fédérateur inlassable de l’opposition libanaise et arabe à la reddition à l’imperium israélo-américain. Un projet d’urgente nécessité que seul son considérable prestige fonde à entreprendre.
Conclusion: Le militantisme ne constitue pas une vaine gesticulation destinée à distraire les foules et la caste médiatique de ses commentaires amusés. Il atteint ses objectifs dès lors qu’il est méthodique, inlassable, permanent, rigoureux et cohérent.
Nelson Mandela et Georges Ibrahim Abdallah en apportent la preuve éclatante par la mobilisation de leurs nombreux sympathisants à travers le Monde
Prochain objectif des combattants de la liberté à travers le Monde doit être la libération du chef palestinien Marwane Barghouti, incarcéré depuis le début du XXIe siècle, en détention depuis 25 ans dans les geôles israéliennes, et nommé à juste titre le « Mandela palestinien ».
Une libération qui projettera dans les poubelles de l’Histoire la cohorte des dirigeants fantoches en phase de reptation permanente tant devant les autorités d’occupation israélienne que devant leur protecteur américain et redonnera du relief à la cause du peuple palestinien, injustement spolié de ses droits nationaux.
- Sur Nelson Mandela :
https://www.renenaba.com/hommage-a-madiba-the-invictus-1918-2013/ - Sur Marwane Barghouti :
https://www.renenaba.com/marwane-barghouti-mandela-palestinien-prix-nobel-de-paix-2016/



