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Corruption : Liban, 136 ème position au classement 2014 de Transparency International

Le Liban en 136me position au classement 2014 de Transparency International et Beyrouth au 181e position au niveau de la…

Par : René Naba - dans : Liban Politique - le 18 décembre 2015

Le Liban en 136me position au classement 2014 de Transparency International et Beyrouth au 181e position au niveau de la qualité de la vie.

Le Liban en voie de désertification

Sur fond de corruption et de dégradation de la qualité de la vie, le Liban est en voie de désertification.
Depuis près de deux décennies, tel un rituel, des dizaines d’incendies se déclarent au Liban avec le lancement de la saison d’été, sinistrant davantage un pays déjà affligé des stigmates de la guerre, dans l’indifférence quasi-générale des pouvoirs publics. Le légendaire pays des Cèdres serait frappé de désertification, aussi surprenant que cela puisse paraître. Si la situation venait à persister, le Liban aura entièrement perdu ses forêts d’ici 15 à 20 ans. Selon les estimations des organisations écologiques, 35 pour cent du territoire national était couvert de forêts en 1965, contre 13 pour cent en 2007, soit une perte de près des deux tiers de la zone forestière en 42 ans

Les forêts du Liban sont essentiellement des forêts de chêne et de pin. Et l’on y recense d’autres conifères notamment le cèdre. La carte des modes d’occupation des sols du Liban réalisée en 2001 indique que le chêne représente 55% du couvert forestier, suivi du pin (12%), du genévrier (9%) et du cèdre (1%). Souvent mentionné dans la Bible et dans d’autres textes anciens, le Cèdre a joué un rôle important dans la culture, le commerce et les rites de l’Orient ancien. Son exploitation intensive débuta au 3ème millénaire av. J.C., lorsque des cités de la côte, comme Byblos, ont commencé à en faire le commerce avec l’Égypte.

Au cours des siècles, son bois faisait partie du tribut imposé aux cités cananéo phéniciennes par les Assyriens, les Babyloniens ou les Perses. Les Phéniciens eux-mêmes s’en servaient largement pour la construction de leurs flottes. Salomon en commanda en grande quantité au roi Hiram de Tyr pour la construction de son temple. Sennachérib, roi d’Assyrie, déclarait même être monté jusqu’aux recoins les plus lointains du Liban et d’y avoir coupé ses plus grands cèdres et ses plus beaux cyprès. Elles sont aujourd’hui menacées par des incendies dévastateurs, provoqués notamment mais non exclusivement par le changement climatique, qui accélèrent à leur tour le rythme du réchauffement climatique. L’augmentation des températures provoque l’assèchement des sols forestiers et pousse vers une désertification. En moyenne, environ 1 500 hectares de zone boisée sont touchés par des incendies, chaque année, mais en 2007, plus de 4 000 hectares de forêt ont été décimés par les incendies les plus destructeurs survenus au Liban depuis plusieurs décennies.

Corruption et dégradation de la qualité de la vie

Le Liban s’est placé en 136me position sur 178 pays, dans le rapport annuel de Transparency International, une rétrogradation d’un rang par rapport au classement 2013. Sur le plan régional, le Liban, là aussi, se trouve au bas de l’échelle se plaçant 13e sur 19 pays, alors que sur le plan de la qualité de la vie, une enquête réalisée par «Mercer Consulting» cité par la publication This Week de la Banque Byblos, Beyrouth se placerait au 181 rang au niveau mondial et au 15 rang seulement au niveau régional sur un total de 230 villes et capitales dans le monde et 24 localités de la région. Figurant au 171ème rang, l’année dernière, la capitale libanaise fait partie des 79 villes dont le classement s’est dégradé.

Parmi les autres villes du Moyen Orient et d’Afrique, Dubaï se retrouve à la première place au 74ème rang, suivi d’Abu Dhabi (77ème rang), alors que la capitale irakienne Bagdad se retrouve au 230ème rang soit au dernier rang mondial.
Au niveau mondial, la capitale autrichienne Vienne, fait figure de modèle à suivre.

Fouad Siniora, l’amnésie comme mode de gouvernement, comme mode de blanchissement des turpitudes.

Le rapport sur la pauvreté du Liban publié, en 1996, par la commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie Occidentale (ESCWA), quatre ans après la prise de pouvoir de Rafic Hariri, a estimé à un million, soit 28 pour cent de la population, le nombre de libanais vivant en dessous du seuil de pauvreté, dont 250.000 en situation de pauvreté extrême. A la suite de son premier passage au gouvernement son départ du gouvernement (1992-1998), l’ancien premier ministre laissera derrière lui une dette publique de l’ordre de 18 milliards de dollars, qui a quintuplé depuis lors du fait des gouvernements successifs dirigés par son clan.

Témoin privilégié de la séquence Hariri, Fouad Siniora, son ancien gestionnaire des fonds, –et, à ce titre responsable de la ventilation de ses prébendes, qui en ont fait un des grands corrupteurs de la classe politique libanaise et française–, se révélera mutique lors de sa déposition au procès des assassins de son mentor devant la Tribunal Spécial sur le Liban, en mars 2015.

Amnésique, l’ancien premier ministre et ministre des des finances avait opéré une sorte de défragmentation de sa mémoire, gommant tous les aspects hideux du personnage, notamment le partenariat en affaires de Rafic Hariri et des dirigeants syriens qui a permis au milliardaire libano saoudien de faire main basse sur le centre ville de Beyrouth, et à ses partenaires syriens de bénéficier en contrepartie d’un fastueux train de vie, toutes ses jongleries financières pour développer un clientélisme politique, sa mission de bons offices auprès des chefs de tribus sunnites d’Irak pour les inciter à rallier le pouvoir du pro consul américain en Irak Paul Brimer, -une mission dont il se serait acquitté, sur ordre de ses patrons saoudiens, fin janvier-début février 2005, dans la quinzaine qui a été marquée par l’élection d’un kurde, Jamal Talabani, à la tête de l’Irak, et de la désignation d’un chiite à la tête de l’exécutif de Bagdad, l’ancienne capitale de l’empire abbasside; Une mission périlleuse dans le contexte explosif de l’époque marquée par la montée en puissance du noyau dur salafiste djihadiste sunnite constitué autour du groupe Abou Moussab Al Zarkaoui, dont le rappel aurait pu donner un autre cours à la parodie de justice instrumentalisée par la justice internationale en vue d’assouvir un désir de vengeance à l’égard d’un factotum émérite du bloc islamo-atlantiste.

Fouad Siniora ne s’est souvenu que d’une seule et unique chose. Une confidence faite en catimini par Rafic Hariri lui-même sur le fait que le Hezbollah aurait tenté d’attenter à sa vie; une confidence qui accrédite furieusement la thèse des commanditaires de la justice internationale : les États Unis, l’Arabie saoudite et la France.

Alors premier ministre, l’homme, il est vrai, n’avait pas hésité à donner l’accolade à Condoleeza Rice, à l’époque secrétaire d’état des États Unis, un pays qui s’était porté caution et complice de la guerre de destruction israélienne du Liban, en 2006, qui s’est traduite par la destruction de Beyrouth, la capitale libanaise dont son mentor en avait assuré la résurrection, indice patent d’une obsession rance face à un rival victorieux, d’une haine recuite face à un rival invincible, en même temps qu’un signe indiscutable d’une perversion mentale et d’une défragmentation morale et intellectuelle. Une désinvolture qui paraît devoir constitue la marque de fabrique de son clan, notamment son nouveau patron Saad Hariri, l’héritier problématique de son père et Oukab Sakr, son factotum chiite au niveau de la représentation nationale.

La représentation nationale, un passe-droit permanent

Data international a évalué à quatre cent milliards de livres libanaises (400), soit 260 millions de dollars, le coût de la représentation nationale pour sa dernière mandature (2009-2014), soit les rémunérations des 128 députés sur 4 ans, ainsi que les frais de fonctionnement de l’institution (frais du personnel de l’assemblée, chauffage, électricité), à raison de 139.000 dollars par mois.

Durant la dernière mandature, le travail législatif s’est réduit à sa portion congrue : 16 sessions législatives pour l’adoption de 218 lois, soit un coût moyen de 200.000 dollars par loi, selon le décompte suivant :

  • 2009 : 20 lois, 2 sessions
  • 2010: 57 lois, 4 sessions
  • 2011: 69 lois, 5 sessions
  • 2012: 42 lois, 3 sessions
  • 2013: 2 lois, 2 sessions
  • 2014: 48 lois 2 sessions

Des députés non seulement dilettante mais également inciviques en ce que le chef du plus important bloc parlementaire Saad Hariri, ancien premier ministre, s’est évaporé de la scène politique libanaise pendant quatre ans, dès déclenchement de la guerre de Syrie, pour se réfugier en Arabie saoudite, de même que son factotum chiite Oukab Sakr, convoyeur de valises pour l’opposition off-shore syrienne mercenaire du Qatar, tout en continuant à percevoir leurs indemnités parlementaires. En toute impunité.

La désertion du chef de file du clan saoudo américain au Liban, récidiviste en la matière, lui aurait valu, partout ailleurs, un désaveu populaire. Partout ailleurs, sauf au Liban. La représentation nationale, une sinécure, un vecteur d’immunité. L’un insupportable fardeau d’un peuple exsangue.

Le Liban connaît depuis quelques années des ratés sur le plan constitutionnel : une vacance de pouvoir de la magistrature suprême, à deux reprises, dans l’intervalle de deux mandats présidentiels à la fin du mandat d’Émile Lahoud (2007-2008) et à l’expiration du mandat de Michel Sleimane (mai 2014)…..prémisse d’un grave dérèglement. Un signe d’essoufflement du modèle libanais ?

En guise d’épilogue : La mystification du discours souverainiste, un cache misère face à l’abdication devant le roi dollar saoudien

Samir Geagea, Murr Tv, Amine Gemayel and co.

Le discours souverainiste du camp saoudo américain, mené par le tandem Saad Hariri-Samir Geagea est en fait un discours d’abdication devant le roi dollar saoudien. SaudiLeaks en témoigne dans une série de câbles où l’on voit le chef des milices chrétiennes libanaises, auparavant allié d’Israël faire la manche auprès des Saoudiens : «Je suis en faillite. J’ai besoin d’argent. Je n’ai pas de quoi payer mes gardes de corps» dit son émissaire Pierre Abou Assi à l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, avant que son patron Samir Geagea n’échappe miraculeusement à un attentat alors qu’il faisait la cueillette des roses. L’attentat –simulé ?-a déversé sur lui les bienfaits du royaume, passant dans les annales de la presse libanaise comme étant «l’attentat imaginaire à la rose» «Zahratan Fi Khayali.

MTV (Murr TV). Propriété pourtant d’un milliardaire, la chaîne a réclamé 20 millions pour se muer en voltigeur de pointe de la défense de l’Arabie. Elle en obtiendra 2 millions avec des paiements échelonnés, avec des rapports justificatifs périodiques

Où enfin, Amine Gemayel, l’ancien président libanais, initiateur du premier traité de paix libano-israélien, fait la courbette aux wahhabites : «j’attends votre autorisation pour me rendre en Syrie».

Avis aux amateurs: La martingale absolue pour soutirer du fric aux wahhabites est le recours à l’épouvantail Hezbollah-Iran

Le nouveau Président du syndicat de la presse libanaise, Aouni Kaaki (As-Shark), transfuge de tous les courants politiques, en digne successeur de son prédécesseur, Melhem Karam, girouette absolue et champion de la quête tous azimut, chuchotera obséquieusement, à ses bienfaiteurs: «J’ai refusé une offre iranienne car leur projet est dangereux pour le Liban». Bing. Jackpot, il roule désormais en carrosse.

Et pour financer les salafistes du Nord Liban, ennemi mortel des chrétiens et autres minorités non wahhabites, rien de tel que s’imaginer que le Hezbollah sur les cimes neigeuses des Cèdres du Liban. Fortiche les quémandeurs: La preuve dans le texte.

Pour le plaisir de la lecture du feuilleton, ci joint des morceaux choisis pour le lecteur arabophone :

Pierre Daher LBC (Lebanese Broadcasting Corporation) : L’Arabie coupera les vivres à la chaîne libanaise pour avoir mentionné une démarche de l’Arabie saoudite auprès d’Israël . Sujet tabou s’il en est.

Et pour museler un journaliste critique à l’égard de la politique saoudienne, en l’occurrence Nasri Sayegh, rédacteur en chef du journal As Safir, rien de tel que de stigmatiser son origine chrétienne «membre de la coalition des minoritaires du Monde arabe» (chrétiens et chiites).

Sur ce lien, le bilan de la décennie de pouvoir de Saad Hariri (2005-2015) et de sa rivalité feutrée avec Fouad Siniora