Jordanie, Le protocole d’accord
René Naba | 23/10/1970 | AFP Amman Le dernier protocole d’accord relatif aux modalités d’application des accords du Caire et…
René Naba | 23/10/1970 | AFP Amman
Le dernier protocole d’accord relatif aux modalités d’application des accords du Caire et d’Amman a été signé jeudi soir à l’Ambassade de Tunisie à Amman. La réunion regroupait autour de M. Bahi Ladgham, président du comité supérieur arabe, M. Riad Moufleh, représentant jordanien, M. Ibrahim Bakr, représentant palestinien, le général Mohamad Khalil Abdel Dayem, chef d’état major jordanien, et, le colonel palestinien Abou Al-Moutaka.
Le texte de l’accord n’a pas été rendu public, mais il réglerait notamment le problème de l’implantation des bases fidayine en Jordanie et celui des prisonniers palestiniens détenus par les autorités jordaniennes.
S’adressant à la presse, M. Bahi Ladgham, a déclaré que le problème des détenus est maintenant réglé. « Il était particulièrement délicat, a-t-il remarqué, parce que les prisonniers sont de toutes nationalités » Les derniers prisonniers politiques – au nombre de six cents- seront libérés d’ici à dimanche matin. Environ cent détenus, arrêtés pour des faits antérieurs aux événements de septembre, seront traduits devant les juridictions civiles jordaniennes. «Le Roi a lui-même veillé à ce que les camps de prisonniers soient vidés dans les meilleurs délais » a souligné de son côté le Général Dayem.
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Jordanie, Amman…le protocole….(deux)
«La mission dont notre comité a été chargé par les souverains et chefs d’état arabes touche à son terme », a poursuivi le premier ministre tunisien. Nous venons de mettre au point les derniers documents qui servent de base à l’application de l’Accord d’Amman.
«Nous sommes convaincus que le contenu de ce document sera respecté par tout le monde» et«totalement mis en application».
Le président du comité supérieur arabe a ajouté : «Nous pensons que la page du passé est entièrement tournée quelles que soient les rumeurs qui peuvent encore circuler. Nous croyons avoir mis fin aux causes de friction. La commission et moi-même sommes persuadés qu’ il existe une volonté réciproque d’oublier le passé. Le peuple jordanien ne fait qu’un avec le peuple palestinien. Une compréhension mutuelle s’est dégagée, ainsi qu’une fraternité et une solidarité commune».
M. Bahi Ladgham a indiqué qu’il gagnera incessamment Tunis et n’a pas précisé quel sera son suppléant à la tête du comité.
Extraits
Le roi Hussein, Yasser Arafat et huit pays arabes signent, le 27 septembre 1970, au Caire, un accord qui met fin à dix jours de combats en Jordanie. C’est un compromis, sans vainqueur ni vaincu : il affirme la souveraineté du roi sur la Jordanie, mais garantit la continuité de l’action des fedayine dans le royaume. Cet accord est complété par celui signé à Amman, le 13 octobre 1970.
1 – Toutes les opérations militaires, tant de la part des forces armées jordaniennes que des forces de la résistance palestinienne, cesseront sur le champ, de même que tous les mouvements militaires qui ne sont pas de routine. Toutes les campagnes de propagande incompatibles avec les objectifs de cet accord doivent cesser.
2 – Toutes les forces armées jordaniennes seront rapidement retirées d’Amman et retourneront dans leurs bases habituelles ; toutes les forces de fedayine seront retirées de la capitale et s’installeront dans les régions convenant à l’action des commandos.
3 – À Irbid et dans les autres villes jordaniennes, la situation militaire et civile qui existait avant les récents événements sera rétablie, sous l’administration jordanienne.
4 – Les forces de sécurité intérieure seront responsables du maintien de la sécurité sous l’administration civile.
5 – Tous les prisonniers détenus de part et d’autre seront immédiatement libérés.
6 – Un Haut Comité sera formé pour veiller à l’application de cet accord de base et de tous ceux qui en découleront éventuellement, et pour coordonner l’action et les relations des autorités jordaniennes et de la résistance palestinienne pour maintenir la sécurité et normaliser la situation.
7 – Le Haut Comité disposera d’un bureau militaire, d’un bureau civil et d’un bureau d’assistance et de secours.
8 – Le Haut Comité élaborera un accord liant les deux parties afin d’assurer la continuité de l’action des fedayine et le respect de la souveraineté du pays dans les limites imposées par la loi, à l’exception de ce qui est nécessaire à l’action des fedayine.
9 – Toutes les décisions prises par le Haut Comité en vue de l’application de l’accord sont exécutoires pour les deux parties […].
12 – Afin de créer l’atmosphère favorable à l’exécution de cet accord, et d’atteindre les nobles objectifs qu’il vise, les deux parties mettront fin à toutes les situations exceptionnelles et au gouvernement militaire.
13 – Si les autorités jordaniennes ou la résistance palestinienne contreviennent à l’une des dispositions de l’accord ou entravent son application, tous les pays arabes signataires prendront des mesures communes et collectives contre la partie coupable.
Signé par:
le roi Fayçal (Arabie saoudite), cheikh Sabah al Salern al Sabah (émir du Koweit), le président Gamal Abdel Nasser (RAU) le président Soleiman Frangié (Liban), le roi Hussein (Jordanie) Yasser Arafat (OLP), le colonel Moammar el Kadhafi (Libye), le président Gaafar el Nimeiri (Soudan), Bahi Ladgham (Premier ministre de Tunisie), Ahmed Mohamed el Chami (membre du Conseil républicain de la République arabe du Yémen).