Thursday, April 18, 2024
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Yasser Arafat à Paris, une consécration diplomatique

Paris 1er Mai 1989 (AFP Paris) – M. Yasser Arafat, chef de l’OLP, est attendu mardi 2 mai en France…

By René Naba , in Diplomatie Flashbacks , at 1 mai 1985

Paris 1er Mai 1989 (AFP Paris) – M. Yasser Arafat, chef de l’OLP, est attendu mardi 2 mai en France pour une visite qui constitue une consécration diplomatique, six mois après l’adhésion de la centrale palestinienne aux résolutions de l’ONU impliquant la reconnaissance d’Israël et l’ouverture d’un dialogue officiel entre les Etats-Unis et l’Organisation de Libération de la Palestine.

Reconnu par une cinquantaine d’Etats en tant que Président de l’Etat de Palestine, M. Arafat a déjà été reçu par le Pape Jean Paul II, en septembre 1982, et s’est également rendu en Europe, dans tous les pays non musulmans du bassin méditerranéen (Italie, Espagne, Grèce,) en Europe du Nord (Suède et Danemark), ainsi qu’en Autriche, en Suisse, au Portugal et au parlement européen à Strasbourg.

(A Rome le dirigeant palestinien avait été reçu, le 14 septembre 1982, le jour même de l’assassinat de l’éphémère Président libanais Bachir Gemayel, par deux personnalités prestigieuses dont le rayonnement va bien au-delà des limites de leurs Etats respectifs et de l’autorité qu’ils tirent de leur fonction: Le président italien Sandro Pertini, un militant anti-nazi reconnu.

(Son voyage en Italie, pays proche des Etats-Unis et qui abrite le commandement de l’Otan pour l’Europe du sud, avait d’ailleurs suscité par l’impact psychologique qu’il recèle, une vive polémique entre Rome et Jérusalem, les deux pôles des deux des grandes religions monothéistes. Au premier ministre israélien Menahem Begin qui avait jugé «choquante» l’étape vaticane en rappelant la «passivité» observée, selon lui, par l’Eglise devant les atrocités commises contre les Juifs durant la Deuxième guerre Mondiale, le Saint Siège a répliqué qu’il n’entendait pas se laisser dicter sa conduite par quiconque.)

Mais la première visite de M. Arafat à un pays occidental, membre permanent du conseil de sécurité revêt une signification particulière en raison du rôle moteur de la France depuis deux décennies au Moyen-Orient, de l’importance des communautés musulmanes et juives qu’elle abrite -les plus importantes d’Europe- et des liens particuliers que le Président François Mitterrand entretient, personnellement, de longue date, avec les dirigeants israéliens.

Paris apparaît ainsi à bon nombre d’observateurs comme l’ultime étape avant Washington dans la stratégie d’ouverture, engagée par l’OLP, depuis le Conseil national palestinien d’Alger, le 15 novembre dernier.

Un captital affectif

Contrairement à la RFA, discrète sur ce sujet en raison des responsabilités historiques de l’Allemagne dans le massacre des Juifs durant la 2me Guerre mondiale, et à la Grande Bretagne, artisan de la «Déclaration Balfour», en 1917, portant fondation du « Foyer national juif » et de la création de la Jordanie moderne, la France passe pour disposer d’une plus grande marge de manœuvre en raison du « capital affectif » dont elle est créditée auprès des principaux protagonistes du conflit israélo-arabe.

L’importance des enjeux politiques explique pour une part la vivacité des réactions.
Le gouvernement israélien, relayé par la plupart des organisations juives françaises, a sévèrement critiqué cette visite qu’il ressent comme une tentative de légitimation de son principal ennemi, alors que pour les pays arabes, elle représente un test de la politique «équilibrée» de la France au proche-Orient.

Elle constitue en tout cas pour le gouvernement français la suite logique de l’action diplomatique qu’il a engagée en vue d’amener le chef de l’OLP à adhérer à la «légalité internationale» et à renoncer au «terrorisme» dans la recherche d’un règlement politique.

«Il n’y avait plus de raisons de refuser cette visite dès lors que M. Arafat remplit les conditions toujours présentées par la France», a indiqué à l’AFP un officiel français qui a requis l’anonymat.

France-OLP prév, flt1 – 0120 P3 0472 FRA AFP/UB46•

Yasser Arafat à Paris, une consécration diplomatique : Permettre une analyse des engagements

Paris – Les entretiens franco-palestiniens, a-t-il ajouté, devraient permettre «une analyse des engagements pris à Alger (acceptation de la résolution 242) et la trêve (renonciation au terrorisme). A cette occasion, Paris souhaite obtenir confirmation de la réalité et de l’irréversibilité pour l’OLP des Droits d’Israël et des Israéliens à vivre en sécurité et la traduction pratique de ce Droit».

On serait très satisfait à paris qu’à cette occasion les responsables palestiniens fassent un pas supplémentaire pour la paix, mais on estime qu’il serait «ni raisonnable, ni honnête» de promettre à l’avance qu’un tel cas se produise.

La France, indique-t-on de même source, souhaite aussi faire le point des contacts en cours, entre les Etats-Unis et l’OLP, d’une part, et entre la centrale palestinienne et l’URSS, d’autre part, et se faire exposer la position des Palestiniens à l’égard de la proposition du premier ministre israélien Yitzhak Shamir d’élections en Cisjordanie et à Gaza.

S’inspirant de l’exemple de la Namibie, l’OLP s’est déclarée favorable à un tel scrutin qui se déroulerait dans des conditions de neutralité, ce qui implique, pour elle, un retrait préalable israélien et des éléctions sous la supervision de l’ONU.

40 ans de guerre, c’est assez

Dans un souci d’apaisement, alors que ses partisans et ses adversaires prévoient d’organiser des manifestations à l’occasion de son séjour, M. Arafat a lancé un appel aux Juifs de France afin qu’ils s’attachent à convaincre les dirigeants israéliens que «quarante de guerre, c’est assez».
Un important dispositif de sécurité a été mis en place et près de 400 journalistes ont demandé leur accréditation pour couvrir cette visite qui sera marqué par un accueil au pavillon d’honneur de l’aéroport d’Orly par un membre du gouvernement, –M. Thierry De Beaucé, secrétaire d’état aux relations culturelles internationales—et des entretiens à l’Elysée avec le Président François Mitterrand, à Matignon ,avec le Premier ministre Michel Rocard, et, au Quai d’Orsay, avec le ministre des Affaires étrangères, M. Roland Dumas.

France-OLP prév, flt2 – RN / BD – AFP 011312 Mai 89