Thursday, March 28, 2024
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Libye, Une révolution assistée par ordinateur

La fin était attendue depuis qu’Hillary Clinton a débarqué inopinément le 19 octobre 2011 à Tripoli pour faire part de…

By René Naba , in Analyse Libye , at 23 octobre 2011

La fin était attendue depuis qu’Hillary Clinton a débarqué inopinément le 19 octobre 2011 à Tripoli pour faire part de son souhait public que Kadhafi soit tué.

L’épilogue, sanglant, était donc prévisible. Traverser des milliers de kms, l’Océan atlantique, puis la Mer Méditerranée pour formuler un tel vœu depuis Tripoli ne relevait pas d’un exercice fortuit. Il ne pouvait qu’être exhaussé, d’autant plus impérativement que le but du déplacement était d’informer ses obligés libyens de la mise en route de l’exécution, en l’ordonnant par proclamation publique.

On aurait rêvé meilleur comportement, fondateur d’une nouvelle éthique politique. Mais l’exemple venait d’en haut, d’un pays qui se revendique comme la première démocratie du monde, qui vient d’opérer une mutation lourde de conséquences.

Jamais dirigeant d’une grande démocratie occidentale n’avait laissé libre cours, publiquement, à de telles pulsions mortifères.

La commémoration du 10 me anniversaire des attentats du 11 septembre 2011, la proximité des élections présidentielles américaines ont dû vraisemblablement stimuler les ardeurs belliqueuses d’un président présenté, il a y a peu, comme le premier président post raciale de la société multiculturelle américaine, qui n’est, en fait, que la reproduction, en négatif, de ses prédécesseurs prédateurs.
Donner pour non de code «Geronimo» à l’opération spéciale visant à l’élimination d’Oussama Ben Laden renvoie aux pires souvenirs de la conquête de l’Ouest et de l’extermination corrélative des «Peaux Rouges». Elle révèle la pathologie de son auteur.

Ben Laden éliminé le 2 mai, son successeur dans la péninsule arabique, Anouar al Awalaki, au Yémen, sera lui aussi éliminé, par un drone américain, en août, de même que le fils de son compagnon de route, le Mollah Omar, en septembre au Pakistan, par un deuxième drone américain.

Le tour de Kadhafi est intervenu en octobre, alors que les libérateurs libyens marquaient le pas aux portes de Syrte et que leurs tuteurs occidentaux pâtissaient des contrecoups inflationnistes de l’opération, en plein crise de l’endettement bancaire européen et de la désaffection de l’opinion arabe devant le veto américain à l’admission de la Palestine à l’ONU.

Les Etats-Unis, sous couvert de restauration de la démocratie, ont, en fait, inauguré, dans l’ordre subliminal, une politique d’assassinats extra judicaires, à l’exemple de leurs émules israéliens, les fameuses opérations homicides, bannies par la législation depuis les débordements de la CIA en Amérique Latine, dans la décennie 1960-1970.

Certes, l’Amérique n’est pas directement responsable de l’assassinat de Kadhafi, mais elle en a créé les conditions en fixant au sol son convoi qui tentait de s’échapper de la nasse de Syrte.
Kadhafi est le principal responsable de ce chaos destructeur de la Libye et nul n’en disconvient. Mais ses opposants ne se grandissent pas devant pareil acharnement morbide d’un homme à terre.

L’histoire retiendra que la révolution libyenne aura été «la première révolution assistée par ordinateur» et leur meurtre libératoire de son ancien bourreau aura fait l’objet d’une assistance à distance.

La fin de Kadhafi est la fin d’une longue lévitation politique et d’une illusion lyrique. Les Libyens vont devoir purger le cauchemar qui a peuplé leur subconscient et leur inconscient et apporter la démonstration qu’ils ne constituent pas un peuple d’assistés permanents.

Au terme d’une longue léthargie, forcer le respect du monde en impulsant la reconstruction du pays sans corruption, la réconciliation de concitoyens sans effusion de sang, le contraire, en somme, du schéma irakien.

Que la libération de la Libye soit le fait de l’Otan, l’adversaire le plus implacable des aspirations nationale du Monde arabe, est gravement révélateur de l’inversion des valeurs en plein printemps arabe et de la vigueur de la contre offensive occidentale pour une reprise en main des soulèvements populaires arabes.
A n’y prendre garde, il est à craindre une nouvelle vague de colonisation du Monde arabe, sous couvert de démocratie, avec cette fois la complicité de supplétifs arabes.

La pire des hypothèses, qui réduira à néant tout espoir de renouveau arabe.

Comments


  • je ne partage pas votre point e vue. tout d’abord l’intervention de l’otan n’a pu se aire que parce que le conseil de sécurité en a décidé. La Russie et la Chine pouvaient opposer leur véto et ils ne l’ont pas fait.
    Il était e l’intérêt de l’occident de mettre fin au règne du dictateur fou khadafi qui est plus difficilement gérable que n’importe quel autre régime en Libye. Sans aide extérieure, khadafi aurait repris le dessus et s’en était fini des révolutions arabes et la Tunisie aurait été déstabilisée. aurait il fallu une guerre à la syrienne pour la noblesse de la révolution. Pour rajouter, je ne crois pas à une autre forme de colonisation. Les dictatures, il faut les éliminer et parfois, il ne faut pas être regardant à la manière.

  • Houhou (c’est chouette ce pseudo) a une analyse qui va loin : « Les dictatures, il faut les éliminer ». Bonne idée, mais c’est quoi une dictature ? On parle depuis quelques semaines des nombreuses dictatures protégées par la 1ère puissance mondiale, et des démocraties que la même puissance (bon je le dis c’est les USa) a renversées depuis la guerre mondiale. C’est même pour ça, hors théorie du complot, qu’on appelle les Etats Unis le « gendarme du monde ». Ils n’ont pas sévi que dans l’Amérique du sud que rappelle Mr Naba ( jusqu’au Honduras en 2009), il y a l’Iran, le Vietnam, et une trentaine d’autres.
    Après la Libye dont not’ président voulait se venger, votre idée nous mène à la question : qui aura le droit de choisir la prochaine dictature à othanasier ?
    Moi je trouve qu’en Europe nous subissons la dictature de l’argent -roi, et je suis d’accord pour l’éliminer, j’ai pas d’actions en bourse. Des africains seraient fondés à dire qu’ils subissent une dictature des néo colonisatueurs, et certains voudraient bien bombarder les maisons d’Obama, de Sarko et de tous leurs complices.
    Et vous, vous choisissez un tyran de l’autre côté de la Terre, ou votre voisin ? Attention, 10 000 bombes, ça signifie pas mal d’impôts et de butin…

  • Les tyrans savent et agissent pour que ce soit eux ou rien, défiant quiconque tenterait de leur ravir le pouvoir. Comment devraient-ils finir n’est pas la question, c’est leur problème. Seul compte le piètre sort du peuple, dont les tyrans sont responsables avant et après leur mort! Et on sait ce qu’est advenu de l’Irak avec et après Saddam, de l’Afghanistan et maintenant de la Libye avec et sans Kadhafi. Quid de la Syrie, du Yemen, de Bahrein et un tas d’autres.

    Si on devait avoir des larmes, ce ne serait jamais pour les salauds dont la place est en enfer. Les peuples arabes ont peut-être entamé une guerre de libération qui durerait des générations, car les impérialistes de tous bords ne leur faciliteront pas la tâche, bien au contraire; mais si leurs révolutions s’arrêtent avant de pouvoir élire eux-mêmes leurs leaders, ils ne le pourraient peut-être jamais!

  • A Houhou
    Si le conseil de sécurité l’a décidé c’est parce que comme tout le monde le sait la Libye est pleine de pétrole, comme l’Irak : les nobles sentiments que tu prêtes aux puissances : éradiquer une dictature… c’est vraiment à mourir de rire. L’époque du chevalier blanc est révolu depuis des siècles, les économies qui s’écroulent ça c’est la réalité : les marchés de reconstruction du pays, les contrats juteux et les dessous de table… ça c’est du concret mon vieux… sors donc de ton pays de rêve et bienvenue dans la réalité des loups…
    Au fait il reste des dizaines de dictatures… les tibétains sont encore sous le joug des chinois… les syriens se font massacrés où sont donc passés les américains, les français… Flûte pas de pétrole !!! rien à gratter…
    Rendors toi vite…

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