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Irak: Blackwater, armée fantôme et multinationale prospère

Les mercenaires occidentaux constituent le plus gros contingent après le contingent américain. 6.000 dollars pour la protection rapprochée d’un entrepreneur, 8.000…

By René Naba , in Analyse États-Unis d'Amérique Irak , at 28 mai 2007

  • Les mercenaires occidentaux constituent le plus gros contingent après le contingent américain.
  • 6.000 dollars pour la protection rapprochée d’un entrepreneur,
  • 8.000 dollars pour une personnalité.

Les États-Unis et l’Iran se retrouvent le 28 mai à Bagdad pour tenter de convenir d’un mode opératoire visant à la stabilisation de l’Irak, avec en toile de fond un agenda diplomatique soutenu par un important déploiement naval américain dans le Golfe.

BAGDAD 16 septembre 2007 – Le gouvernement irakien a annoncé lundi qu’il suspendait l’autorisation de Blackwater USA, une firme américaine de sécurité soupçonnée d’être impliquée dans la mort de huit civils lors d’une fusillade après un attentat à la voiture piégée dimanche au passage d’un convoi du Département d’etat

Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur irakien Abdul-Karim Khalaf, huit civils ont été tués et 13 autres blessés quand de présumés employés de Blackwater ont ouvert le feu dans un quartier à majorité sunnite de l’ouest de Bagdad. “Nous avons annulé la licence de Blackwater et les avons empêcher de travailler sur tout le territoire irakien”, a-t-il dit. “Nous renverrons également ceux qui sont impliqués devant les autorités judiciaires irakiens”.

Blackwater assure la sécurité de nombreuses opérations civiles américaines en Irak. Cette compagnie, dirigée par un ancien membre des commandos de la marine américaine, compterait un millier d’employés en Irak et pour au moins 800 millions de dollars de contrats du gouvernement américain. C’est l’une des firmes principales opérant en Irak, avec notamment sa flotte d’hélicoptères. Elle a été chargée de la protection du premier pro-consul américain en Irak Paul Bremer et de ses successeurs John Negroponte, Zalmay Khalilzadeh et l’actuel ambassadeur américain Ray Croockers;

AP- Lundi 17 septembre, 14h25

En prévision de ce calendrier diplomatique, marqué en outre par les débats du Conseil de Sécurité de l’Onu en vue de l’adoption d’une résolution contraignante sur la création d’un tribunal international chargé de définir les responsabilités dans l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri (14 février 2005) et par la réunion jeudi 1er juin à Madrid entre l’Iran et l’Agence atomique de Vienne, les États-Unis ont dépêché cette semaine neuf bâtiments de la flotte en appui aux deux porte-avions déjà présents aux larges des côtes iraniennes.

Trois jours avant la réunion de Bagdad, les États-Unis ont envoyé, en urgence, vendredi 25 mai, au Liban huit avions cargos chargés de renforts militaires en soutien à l’armée libanaise en confrontation contre les combattants du «Fatah Al-Islam», groupe radical se réclamant d’AL-Qaïda dans le nord du Liban, et débloqué 80 millions de dollars au président palestinien Mahmoud Abbas pour équiper sa garde rapprochée et la renforcer face à ses rivaux du Hamas, dont las combattants, à Gaza, sont pourchassés par les hélicoptères
israéliens. .

Les États-Unis paraissent avoir voulu mettre une pression maximale pour tenter de sortir du guêpier irakien dans lequel ils se sont placés au prétexte de «la guerre contre le terrorisme». Signe indiscutable de la détermination américaine, la décision de la majorité démocrate du Congrès américain de renoncer à conditionner le financement de
l’effort de guerre américain à la fixation d’une date de retrait des troupes américaines d’Irak. Au total, les Etats-UInis comptent 120.000 soldats américains soutenus par la flotte du Golfe, deux portes-avions, neuf bâtiments d’escorte, soit 16.000 marins et 140 avions de combats. Toutefois, l’Iran, pour l’Irak, la Syrie, pour le Liban, sont régulièrement pointés du doigt, mais cette accusation quand bien même est fondée occulte toutefois la responsabilité des pays
occidentaux dans la déstabilisation régionale, notamment à travers leurs mercenaires.

A intervalles réguliers, en effet, les médias occidentaux pointent du doigt les infiltrations transfrontalières, en provenance tant de Syrie que d’Iran, pour expliquer les difficultés militaires occidentales en Irak, imputant la recrudescence des opérations anti-américaines, tantôt à la jonction entre les partisans du mouvement «Al-Qaîda» d’Oussama Ben Laden et les résistants irakiens, tantôt à la guerilla chiite, occultant le phénomène majeur de la guerre d’Irak, le mercenariat à vaste échelle de type occidental.

En 48 mois de guerre (quatre ans), l’Irak, le plus important champ de tir de l’époque contemporaine, est devenu le plus important champ de mercenariat du monde. Près de cent mille gardes privés (100.000), le terme pudique employé pour désigner les mercenaires des temps modernes, sont en mission dans ce pays, au point de constituer le deuxième contingent par ordre d’importance opérant en Irak, derrière les États-Unis, surpassant de loin l’ensemble des autres forces de la coalition (britanniques, polonais, australiens etc.), selon les estimations occidentales (1).

Le recours au mercenariat se justifie pour de multiples raisons:

-une commodité comptable d’abord, car en cas de décès, les mercenaires ne figurent pas sur la liste des bilans officiels américains ou anglais,

-une commodité opérationnelle ensuite car les mercenaires ne sont pas soumis aux astreintes militaires et disposent d’une plus grande marge de manoeuvre. En cas de scandale, comme c’est le cas avec les tortures de la prison d’Abou Ghraïb, l’honneur d’un pays n’est pas entaché dans la mesure où la responsabilité de la forfaiture en incombe aux sous-traitants.
Le maître d’oeuvre de l’opération mercenariat en Irak est la firme américaine Blackwater, une firme de “prestataires de service”, créée en 1997, par Erik Prince, héritier d’une riche famille de chrétiens ultraconservateurs du Michigan et ancien membre des commandos de marine, les «Navy Seal». Blackwater, -étymologiquement l’eau noire qui signifie en langage imagé les eaux d’égouts transportant les matières fécales des toilettes non recyclables-, connaîtra un développement fulgurant avec “la guerre contre le terrorisme” lancé par le président George Bush en riposte aux attentats anti-américains du 11 septembre 2001.

En 2002, dans la foulée de l’invasion de l’Afghanistan, Erik Prince fait des offres de service au Pentagone. Donald Rumsfeld, soucieux de restructurer la machine de guerre américaine. développe la sous-traitance de certaines opérations à des forces spéciales dotées d’ armes de haute technologie. Blackwater obtient, sans appel d’offres, son premier contrat, en avril 2002, d’une valeur de cinq millions de dollars pour la protection du siège de l’agence à Kaboul.
Un an plus tard, la société décroche le gros lot avec le contrat de protection du proconsul américain en Irak, Paul Bremer, un contrat emporté toujours sans mise en concurrence. A partir de ce moment, Blackwater recrute sa propre armée privée sur le Tigre et l’Euphrate, et les commandes pleuvent.

L’entreprise ouvre des bureaux à Bagdad, mais aussi à Amman, Koweït City et McLean, en Virginie, à équidistance du Pentagone, de la Maison Blanche et de la CIA. 450 experts répartis dans deux succursales de la firme à Bagdad et à Kuwait City, sont affectés au recrutement, à la centralisation des candidatures, les contrats de mission et les lieux d’affectation, ainsi qu’au ravitaillement. Blackwater connaîtra la notoriété à Falloujah (Irak) où elle s’est tristement illustrée avec la capture de quatre de ses membres, révélant aux États-Unis et au reste du monde ses méthodes
expéditives. La capture de ses “prestataires de service”, le 31 Mars 2004, -quatre jeunes gens d’une trentaine d’années, en tenue civile, sans grade ni uniformes-, ainsi que le démembrement de leur dépouille à coups d’armes contondantes après leur décès dans les combats, puis leur exposition sur le pont de l’Euphrate, va déclencher l’un des combats les plus meurtriers de la guerre d’Irak, la bataille de Falloujah qui réduira cette ville sunnite en cité fantôme.

En ce mois d’avril 2004, qui passe pour avoir été l’un des points les plus chauds de la confrontation américano-irakienne, 80 mercenaires seront tués dans les batailles de Falloujah, de Bagdad et de Nadjaf, dont 14 dans la première quinzaine d’avril. C’est d’ailleurs la capture et la mutilation de quatre mercenaires à proximité de Falloujah, dans le secteur sunnite de l’Irak, qui a déclenché les batailles d’avril. Récidiviste, Blackwater s’illustrera trois mois plus tard dans la deuxième grande bataille d’Irak, la bataille de Najaf, dans le sud de l’Irak, lieu saint chiite et fief du chef radical Moqtada Sadr.
La firme avait assuré la protection du quartier général de la coalition provisoire irakienne à Najaf. Le Washington Post avait affirmé à l’époque que la défense du bâtiment avait été assurée par des hommes de Blackwater et qu’au plus fort de la bataille, les mercenaires s’étaient fait ravitailler en munitions par trois de leurs propres hélicoptères, s’attirant les félicitations publiques du général en charge des opérations de sécurité en Irak, alors que les mercenaires ne font traditionnellement pas partie de la chaîne de commandement de l’armée américaine.

Depuis lors Blackwater est devenu le supplétif indispensable de l’armée américaine, Armée fantôme, Blackwater est une
multinationale prospère, fonctionnant en toute opacité.
En quelques années, la firme passe d’une poignée d’employés à 2 300 personnes déployées dans neuf pays, et développe une base de donnée de 21 000 candidats: anciens militaires américains et soldats étrangers, tous alléchés par l’idée d’empocher quatre à dix fois leur solde, avec moins de contraintes. Les revenus bondissent de quelques millions de dollars à plus d’un milliard – uniquement grâce à des contrats avec le gouvernement des États-Unis.

En tête du hit parade des « PMC » (private military contractors), Blackwater ne rend en effet aucun compte au public. Ses contrats sont classés secret défense et ses opérations sur le terrain se déroulent dans une discrétion absolue.
Les hommes de terrain sont fournis par diverses agences privées notamment DSL (Defence Systems Limited). Fondée par Allistair Morisson, un ancien de la SAS (special air services), les troupes d’élite de l’armée de l’air britannique, DSL dispose d’une armée privée de vingt mille hommes et se présente comme l’une des plus grandes compagnies militaires privées.
Rachetée en 1997 par Armor Holdings Inc, DSL assure la fourniture de la gamme de services allant de la répression des émeutes (gaz lacrymogènes, matraques, véhicules blindés, gilets pare-balles) à la protection à distance des personnalités (système d’alerte, limousines blindées). En France, Armor-DSL est propriétaire de la société Labbé, spécialiste de la construction des fourgons blindés utilisés par le convoyeur de fond «Brinks».
Armor-DSL s’est rendue célèbre dans ses interventions en Angola aux côtés du chef sécessionniste Jonas Savimbi, président de l’UNITA, ainsi qu’en Colombie contre les narco-trafiquants. Elle dispose de dix centres régionaux d’opération à Londres, Washington, Bogota, Johannesbourg, Moscou, Hong Kong ainsi qu’à Harare (Zimbabwe) et au Bahreïn.
Le recrutement se fait aussi par Internet, au su et au vu de tout le monde. Le tarif est variable selon l’importance de la cible potentielle:
Six mille dollars par mois pour un garde du corps chargé de la protection rapprochée des hommes d’affaires, entrepreneurs, en quête de richesse et de gloire (BG/CP body guard close protection), huit mille dollars pour la protection d’une personnalité importante.
Les recrues proviennent des pays réputés pour la rudesse de leur formation militaire: Afrique du sud, Ukraine, Russie, Anglais, Américains, les ressortissants d’Amérique latine, notamment des Chiliens ainsi que des Népalais qui ont une longue tradition de mercenariat, qu’on se rappelle les fameux gurkhas de l’Empire britannique – et pour leur teint davantage en harmonie avec les caractéristiques du type arabe, ainsi que naturellement, les ressortissants du Moyen-Orient et de l’ensemble arabe pour des taches d’interprétariat et de décryptage d’informations.
Une répartition des tâches semble s’être opérée entre les firmes américaines et britanniques. Si les Anglais sont présents dans leur ancienne zone d’influence, notamment les émirats pétroliers du Golfe, l’Amérique a la haute main sur l’Arabie Saoudite et le reste du Moyen-Orient.
Outre Defense Systeme Ltd, la Grande-Bretagne dispose d’une deuxième compagnie privée de mercenariat, «Watchguard», dont le siège est à Guernesey, îles britanniques. Fondée en 1967 par David Sterling, un ancien des commandos de l’air britanniques (Special Air Services), Watchguard passe pour être un instrument d’influence
de la diplomatie britannique.

A son palmarès figurent la protection de Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, Cheikh d’Abou Dhabi et président de la Fédération des Émirats du Golfe, ainsi que l’encadrement des troupes omanaises dans la répression de la guérilla marxiste du Dhofar, dans les années 1965-1970.
Outre Blackwater, les États-Unis comptent, eux, deux grandes sociétés privées militaires: Vinnell Corp, dont le siège est à Fairfax, en Virginie, et BDM international. Toutes deux filiales de la multinationale Carlyle, elles apparaissent comme les bras armés privilégiés de la politique américaine en Arabie et dans le Golfe. Vinnel corp, dont la mission saoudienne a fait l’objet d’un attentat à Khobbar en 1995, a la haute main sur la formation de la Garde nationale saoudienne, tandis que BDM gère la formation du personnel de l’armée de l’air, de la marine et des forces terrestres
saoudiennes.
L’establishment militaire américain ne se cache d’ailleurs pas des liens qu’il entretient avec le mercenariat privé: ainsi le groupe Carlyle est dirigé par Franck Carlucci, ancien directeur adjoint de la CIA et ancien assistant de Caspar Weinberger, secrétaire à la Défense dans l’administration Reagan, alors que John Deutsch, ancien directeur de la CIA, est membre du conseil d’administration de CMS Energy Corporation, firme chargée de la protection des installations
énergétiques (pétrole, nucléaire, électricité).
Le lien le plus manifeste de la collaboration entre le mercenariat privé et le Pentagone est l’existence de MPRI (Military Professionnal Resources Incorporated), le plus grand groupe d’expertise militaire dans le monde. Son fichier dispose de deux mille noms d’officiers du Pentagone, utiles tant pour le lobbying que pour l’expertise.
La France a adopté un profil bas depuis la disparition de Bob Denard, le célèbre baroudeur africain et ses déboires français tant en Irak que sur le continent noir. En l’absence d’un chef charismatique capable de fédérer des soldats aussi récalcitrants à la discipline, elle a opéré une modeste percée en Irak à l’aide d’une petite structure
«EARTHWIND HOLDING CORPORATION». Première et unique société militaire privée francophone opérationnelle dans le monde, EARTHWIND Holding dispose de 30 à 40 anciens militaires et policiers français en Irak pour la sous-traitance des missions auparavant imparties aux officiers anglophones.

La France dispose en outre d’une structure paritaire, la DCI (Defense Compagnie internationale), dont l’État français possède 50 pour cent du capital et le reste est réparti entre les industries françaises de l’armement (Thales, Dassault etc..) avec une structure pour chaque discipline. La Cofras (Compagnie française d’assistance spécialisée), pour l’armée de terre, Navco, pour la marine, Airco pour l’armée de l’air. Au capital de 21,3 millions d’euros et 1200 employés, Defense compagnie internationale (DCI) a eu en charge la formation des servants saoudiens du contrat Sawari, de fourniture du matériel militaire français à l’Arabie Saoudite.

Le panorama du mercenariat international serait incomplet si l’on omettait de faire figurer l’Afrique du sud et Israël, les anciens partenaires de la période coloniale: Les anciens officiers et militaires de race blanche du temps de l’apartheid, déçus par la tournure politique prise par leur pays gouverné désormais par la majorité noire, se sont lancés dans un rôle de super-gendarmes privés du continent noir, faisant de la firme sud-afriaine «EXECUTIVE OUTCOMES» la forme la plus achevée du mercenariat moderne. Fort d’un vivier permanent de 2.000 hommes solidement formés et encadrés, «Executive outcomes» passe contrat «guerre clefs en main» prenant en charge la formation et l’équipement des forces
locales, leur ravitaillement, ainsi que la riposte militaire en cas de revers militaire de manière à assurer la victoire au cocontractant. Ses titres de gloire sont respectivement le Sierra Leone ou en coopération avec les forces britanniques elle a évincé le président Charles Taylor, ainsi qu’en Angola, où elle a contribué à la consolidation du régime Dos Santos, s’incrustant au passage dans le trafic des pierres précieuses.

Israël, enfin, dispose de LEV-DAN, filiale de Kardan Investment, firme spécialisée dans le commerce du diamant en Angola et au Zaïre, qui lui sert d’ailleurs de couverture dans ces deux pays, véritable plaque tournante de la contrebande internationale des pierres précieuses. Lev-Dav a aidé l’ancien président congolais Pascal Lissouba dans sa
bataille pour le contrôle de Brazzaville contre son rival Sassou Nguesso à la fin des années 1990. Fondée par le général Zeev Zakron, Lev DAN a mis sur pied la milice de l’officier libanais dissident Saad Haddad, à qui elle a confié le contrôle de la zone de sécurité durant la guerre civile libanaise (1975-1990).

Lev-Dan agit de concert avec le Shin Beth, les services de renseignements israéliens, et, s’agissant du Moyen-Orient, en
coordination avec le bureau des «minorités périphériques», le vocable par lequel les services israéliens désignent les
ressortissants des pays arabes qu’ils croient susceptibles de collaborer avec eux, comme ce fut le cas lors de la guerre du Liban avec les Forces Libanaises (1975-2000), et comme c’est le cas dans la nouvelle guerre d’ Irak avec les supplétifs kurdes de l’armée américaine et d’anciens des « Forces Libanaises» (miliciens chrétiens
libanais, jadis dirigés par l’un des chefs de la coalition pro-américaine libanaise Samir Geagea) recyclés dans des sociétés militaires privées tant américaines qu’israéliennes.

En Irak, selon des informations de la chaîne britannique BBC 2, des instructeurs israéliens formeraient des soldats kurdes. Le magazine Newsnight du 19 septembre 2006 avait présenté des images exclusives de vastes installations et de ces entraînements. Interop et Colosseum, deux sociétés israéliennes de mercenariat serviraient de couverture à cette activité de l’armée israélienne. Les officiers transiteraient par Djibouti pour masquer leur origine.

Les Israéliens auraient pris la succession de sociétés américains de mercenariat, déjà présentes au Kurdistan irakien depuis la création de la zone de non-survol, à l’issue de l’opération Tempête du désert, en 1991. La présence d’instructeurs israéliens en Irak avait été révélée, il y a plus d’un an, par la presse israélienne elle-même, mais les détails de cette opération n’étaient pas connus.

Les néo-conservateurs entendent créer un Kurdistan indépendant en faisant exploser l’Irak et en amputant à la fois la Turquie et la Syrie.

Ce projet nécessite la création d’une armée kurde. Constituée par d’anciens peshmergas, les maquisards kurdes, l’armée du Kurdistan a dejà été sollicitée pour des opérations de maintien de l’ordre à Bagdad au cours du premier semestre de 2007 dans le cadre du plan de sécurisation de la capitale irakienne, suscitant en représailles de
sanglants attentats dans le nord kurdophone de l’Irak. La privatisation de la violence et sa marchandisation via des sociétés militaires privées est un secteur en plein essor industrie en plein essor générant un bénéfice annuel de plus de cent milliards de dollars (2).

A lui seul le gouvernement américain aurait dépensé en moins d’une décennie (la période 1994-2002) quelque 300 milliards de dollars auprès de telles sociétés présentes dans une trentaine de pays, principalement dans le monde arabe et l’Afrique. Recrutés souvent dans les cercles xénophobes de l’extrême-droite fascisante, ces «chiens de guerre» dont l’honorabilité est recyclée dans le professionnalisme des sociétés militaires privées et dans la défense des «valeurs de l’Occident» apparaissent à bien des égards comme les gardiens de l’ordre économique, l’expression moderne de
l’impérialisme, l’instrument le plus efficace de la perpétuation du joug colonial.

Fin 2007, l’Irak aura coûté aux États-Unis 500 milliards de dollars (378 mds d’euros) et le montant total pourrait atteindre voire dépasser les 1.000 milliards (600 mds d’euros). Ni la Corée ni le Vietnam n’avaient coûté autant, alors que la guerre du Vietnam (1960-1975) avait duré quinze ans et que le corps expéditionnaire américain s’élevait à cinq cent mille soldats (3). Si la guerre d’Irak devait se prolonger, ce qui est probable, elle aura coûté davantage que la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), la plus chère à ce jour (2.000 mds dollars en dollars constants/1.500 mds d’euros).

L’enrôlement massif de mercenaires, l’appât du gain, l’ivresse de l’aventure militaire hors norme, les sanctions économiques infligées à la Syrie pour la contraindre à freiner les infiltrations des djihadistes , les pressions sur l’Iran, suffiront-ils pour assurer la victoire d’une armée perçue comme occupante même par l’un des meilleurs alliés des États-Unis dans le monde arabe, le Roi Abdallah d’Arabie? Et celle d’un pays à la dérive de ses principes moraux?

Notes

1)-Blackwater de Thomas d’EVRY, journal Libération 8 mai 2007 rubriques «grands angles»

2) « La privatisation de la violence: mercenaires et sociétés militaires privées au service du marché» par Xavier Renou en collaboration avec Philippe Chapleau, Wayne Madsen et François-Xavier Verschave. Eddditions Agone (collection Dossiers noirs, 4ème trimestre 2005

3) “The Price of Liberty: Paying for America Wars” (“Le Prix de la liberté : le coût des guerres de ‘Amérique”) par Robert Hormats, haut responsable de la banque ‘affaires Goldman Sachs.

Comments


  • Et comme il n’y a pas de petits bénéfs, l’utilisation de mercenaires permet aussi de maquiller pour l’opinion occidentale des actes de résistances en attentas terroristes : ce ne sont pas des soldats qu’on attaque, mais (soi-disant) des « conseils en informatiques », des « ingénieurs»…

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